Nos téléphones sont devenus si intelligents, peuvent désormais entretenir un dialogue avec nous, qu’on peut certainement se demander s’ils rêvent.
J’ai adoré ce texte paru cette semaine dans Le Monde qui se demande justement si nos portables ont une vie parallèle.
« Face à autant de complicité, je repose la question : pourquoi mon portable ne rêverait-il pas, lui qui est si serviable et me ressemble tant ? Mais, me direz-vous, pour rêver, il faut un inconscient qui, dès que l’on dort, s’active et amène à notre esprit toutes sortes d’images et de mises en situation symboliques ayant comme fonction de nous délivrer des tensions de la journée. Sachant que l’humain est rempli d’angoisses, de peurs et d’incertitudes, il a besoin du rêve pour s’en libérer. Comment alors une simple machine privée de tels sentiments pourrait-elle avoir accès ne serait-ce qu’à la symbolique du rêve « , écrit Pierre Desjardins, professeur de philosophie à la retraite au Cégep Montmorency.
Je me suis demandé si l’auteur était sarcastique en disant: « C’est même à se demander si, avec un compagnon aussi intéressant que lui, nous avons encore besoin de rêver? »
Même après l’article que j’ai écrit ce matin sur Siri (l’assistant virtuel du iPhone 4S), je n’ai toujours pas de téléphone intelligent (comme les trois quarts des adultes québécois). Mon téléphone portable sonne rarement; 5 personnes en possèdent le numéro – mon mari moins neuf, le père de mon fils, l’école, ma mère et ma pupitreuse au Devoir. On voit où sont mes priorités.
Je passe beaucoup de temps devant l’ordi et jamais très loin d’un téléphone, et même si la version portable m’émerveille, je trouve sain de couper la laisse à l’occasion et je crains de développer de l’arthrose dans la nuque à force de marcher le cou penché comme tous ces utilisateurs que j’observe dans la rue.
L’objet est merveilleux, soit, mais il faut demeurer plus intelligent que lui. Ce qui n’est pas le lot de tout le monde. Siri en est la preuve « vivante », je dirais.
« Les choses changeantes de la vie, avec leurs espoirs et leurs désespoirs, n’ont pas de place dans cet univers fait de pixels. Le temps linéaire, berceau de nos incertitudes et de nos angoisses, n’y existe pas. Dès lors, privés d’horizon temporel, le rêve ne nous est plus accessible », poursuit Pierre Desjardins.
Vaut mieux en rire!