Être de son temps

L’université, oui, mais pourquoi?

Aller à l’université est un droit? Peut-être un privilège. Et peut-être pas non plus.

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On peut bien bloquer les ponts et faire choquer la ministre de l’Éducation (et le maire Stéphane Gendron), mais il y a une question qu’on ne pose jamais depuis le début de cette grève estudiantine. L’université est-elle bien nécessaire? Est-ce vraiment la clé pour accéder au bonheur, à la connaissance ultime, à l’épanouissement assuré et aux REER jusqu’à la fin de vos jours?

J’ai ressorti un des meilleurs essais que j’ai lus l’année dernière, « Éloge du carburateur », de Matthew B. Crawford, un gars qui s’est ouvert une « shoppe » de réparation de motos après des études en philosophie politique à l’université de Chicago et une grosse job dans un « think tank » à Washington. Pour lui, le travail intellectuel est voué à la faillite dans nos sociétés capitalistes. Et il jette un seau d’eau froide sur l’université et notre conception « technocratique/méritocratique » de l’éducation.

« En adoptant ce type d’attitude, les étudiants ne font que s’adapter à l’éthique mercantile des institutions censées les former. (…) Il en résulte « une insistance croissante sur la production de distinctions symboliques sélectives plutôt que sur des résultats substantiels partagés ». Autrement dit, ce qui compte c’est votre rang par rapport à vos pairs; peu importe si tous les pairs en question, vous compris, sont parfaitement ignorants. Quand l’unique objectif de l’éducation devient la production de diplômes plutôt que la promotion du savoir, le système d’enseignement trahit la motivation identifiée par Aristote: « Tous les hommes désirent naturellement savoir. » On arrive ainsi à une véritable indifférence intellectuelle chez les étudiants. »

« Alors, après tout, il est peut être légitime d’affirmer que l’enseignement supérieur est indispensable pour préparer les étudiants aux emplois de l’économie de l’information. Et ce, non pas pour les raisons qu’on avance habituellement, à savoir qu’il existerait une demande croissante de salariés dotés d’une forte capacité intellectuelle, mais dans un sens beaucoup plus pervers: la routine universitaire habitue les jeunes gens à accepter comme un état de choses tout à fait normal le décalage entre la forme et le contenu, les représentations officielles et la réalité. »

Ce n’est qu’un extrait. Et en cette relâche scolaire qui n’en finit plus, je suggère à tous les étudiants de lire ce livre avant de poursuivre leur lutte. Peut-être qu’ils iront plutôt s’inscrire en formation professionnelle au Cégep à l’automne prochain.

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