Générale

Échangisme (suite et fin)

Depuis que nous sommes rentrés de Bretagne, pas une connaissance qui ne s’informe d’abord de cet échange de maison entre les Bretons de la côte du Morbihan et les Québécois que nous sommes. Ça intrigue toujours. J’avoue que je suis encore étonnée que ce type de troc fonctionne, que de purs étrangers s’échangent ce qu’ils ont de plus précieux dans la vie après leur auto, leurs enfants et leur femme/mari (souvent dans cet ordre).

En fait, je suis profondément surprise qu’un tel type de « commerce » subsiste envers et contre toute la mentalité marchande dont nous sommes les proies consentantes, sans pub, sans garantie, sans assurance, sans autre chose qu’un grand chèque en blanc tiré sur la confiance et un trousseau de clés. Nous leur avions même laissé un ordi portable qu’ils auraient pu aller revendre sur le chemin Côte-des-Neiges. Mais non, l’appartement était impeccable au retour.

Hier soir, j’ai reçu un message des Bretons qui venaient de retrouver leur petit pavillon propret avec une bouteille de champagne sur la table de la cuisine et une carte pour les remercier. À l’arrivée en Bretagne, nous attendaient des galettes bretonnes, deux bouteilles de cidre (les enfants ont failli devenir alcooliques en Bretagne), des crêpes au blé noir déjà prêtes au frigo ainsi que des oeufs et du fromage pour préparer notre premier repas breton. Il y avait même des laitues dans le jardin. C’était dimanche, les restos étaient fermés, l’épicerie aussi, nous étions vannés (à dix minutes de Vannes), nous nous sommes régalés et avons suivi la recette de la maîtresse de maison à la lettre. Grands dieux, quel accueil. Ils avaient même acheté les crêpes dessert et suggéré le Nutella ou les confitures pour compléter.

« Bonne dégustation avec le cidre« , disait la lettre. J’en ai eu la larme à l’oeil. Nous nous sommes couchés ravis.

Et moi qui n’avais même pas pris soin de leur laisser une « canne » de sirop d’érable à Montréal. Ni même un paquet de frites congelées, un sac de crottes de fromage et un sachet de sauce BBQ pour qu’ils préparent leur première poutine québécoise. Honte sur moi. Je le saurai, les échanges c’est aussi une mentalité et un sens de l’accueil poussé à son paroxysme.

Pour résumer, je dirais que je ne voyagerais jamais plus avec des enfants autrement qu’en employant cette formule. Les jouets sont fournis, la maison est organisée; dans notre cas, ils pouvaient se livrer à des tournois de ping-pong ou jouer avec les petits voisins au basket ou au « foot » dans la cour.  Le pied. Les « body surfs » étaient également fournis pour la plage. Rien à redire. Sans parler des conseils de l’agence de tourisme (nos Bretons eux-mêmes): allez ici, ne ratez pas cela, préférez tel trajet et telle plage, on a même eu droit à l’horaire de marées! Quand je pense que je les ai laissés se balader à Montréal en Bixi même pas d’casse, j’en ai des frissons.

Seul hic! Je n’avais pas prévu que nous n’aurions pas de lit. En fait, les parents avaient verrouillé leur chambre à clé et nous avaient installé un lit « cage » dans le bureau. Une nuit plus tard, mon mari vraiment-plus-tout-neuf migrait dans la chambre de la petite (ils ont trois enfants) et je dormais seule aux prises avec des maux de dos importants (Advil en prime) durant dix jours. Disons que le sommeil étant une partie cruciale des vacances, ce « vice caché » m’a refroidie même si je comprends la réticence instinctive à ne pas désirer céder sur son intimité. Je m’ennuyais de mon matelas d’air montréalais recommandé par le chiro…

Les conclusions que j’en tire? Je pensais changer le matelas cet automne, mais finalement je vais plutôt remplacer le lave-vaisselle (le leur était vachement silencieux, quel luxe ces marques allemandes!), le cidre fait désormais partie de notre vie et j’aime toujours l’idée d’aller vivre dans la peau de l’autre pour un temps. La formule est « top » pour ceux qui aiment l’aventure et veulent économiser sur les frais de logement.

Pour le reste, même s’il y a toujours des surprises dans ce type d’échange (il y en a aussi à l’hôtel avec les punaises), j’investiguerais un peu plus et je poserais davantage de questions à l’avenir, au risque d’avoir l’air parano ou légèrement impolie. Le matelas est fourni? Il date de quel siècle? Ce genre de détail insignifiant…

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