Générale

La désobéissance

Hier soir, au TJ de Radio-Canada, on parlait de ce documentaire qui fait beaucoup jaser en France. Les candidats sélectionnés ne savaient pas que des comédiens se prêtaient au jeu. Les comédiens subissaient des décharges électriques de plus en plus fortes s’ils donnaient de mauvaises réponses au jeu questionnaire. 80% des participants sont allés jusqu’à la décharge ultime (460 volts) même si le comédien demeurait silencieux (potentiellement mort). Seize d’entre eux se sont levés et ont refusé de poursuivre la torture sous l’oeil des caméras.

J’ai été estomaquée par cette expérience, sciée de voir à quel point les êtres libres sont rares (lire l’entrevue donnée ici). C’est extrêmement préoccupant car le phénomène n’est pas que l’apanage de la télévision. Combien de gens abdiquent leur liberté, leur intégrité, leur santé, leur personnalité contre la gloire, de l’argent, la sécurité, pour faire partie d’un groupe, pour ne pas être jugés? Beaucoup, semble-t-il. 80%.

Une société ne se construit pas avec des être soumis. C’est même dangereux. Ça laisse le champ libre à des animateurs de foules et des petits dictateurs de tous les jours. Non seulement les rebelles sont essentiels, mais on doit encourager cette attitude dès l’enfance. Une attitude où l’intelligence, la dignité et l’instinct, sert de guide. Où les droits du plus grand nombre priment sur la volonté marchande ou politique d’un plus petit. Mais où celle du plus petit est également prise en compte.

Jamais je ne réprimanderai mon fils parce qu’il refuse de faire quelque chose qui va à l’encontre de sa personnalité profonde ou de ses valeurs. Se tenir debout, même devant ses parents, ça s’apprend et je l’encourage. Ça promet pour plus tard.

La France n’est pas réputée pour avoir la langue dans sa poche. Et elle a un passé révolutionnaire qu’elle porte à la boutonnière. La désobéissance, c’est le pain quotidien de l’artiste qui refuse d’emblée de courber l’échine, préfère manger maigre plutôt que de sacrifier sa liberté. Mais c’est aussi la fierté du gréviste, celle des manifestants, le coup de gueule du pamphlétaire. Voltaire disait:  » Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »

Je me demande combien de Québécois iraient jusque là? La rébellion est le fait de l’ado, mais quand un adulte, un vrai, se tient debout, ça fait toujours plaisir à voir. Je songe à Falardeau, à VLB, à Jocelyne Robert avec qui je viens de parler. Ce sont des gens aussi précieux que rares, capables d’intégrité et de penser par eux-mêmes, quitte à ramer contre le courant.

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