Ils ont quitté ce matin à l’aube, à 4h. Le Sedna IV s’en va retrouver son nouveau port d’attache à Gaspé, tout pimpant, frais repeint, prêt à affronter le fleuve.
Jean Lemire m’a invitée à faire la « route » avec eux, Johnny Guitar, Jacquot, Mariano… Je n’ai pas le pied particulièrement marin mais j’aurais été ravie de les voir « triper », eux. Déjà, dimanche soir, j’écoutais Jacquot se pâmer sur la lune qui avait la même couleur que le ciel.
Ils sont drôles, les marins; d’une simplicité apaisante aussi. J’aurais bien passé trois ou quatre jours de plus à les écouter, le nez au grand vent. Nous nous sommes faits nos adieux, après deux années de fréquentations assez assidues, de soupers à bâbord et à tribord (ne me demandez pas c’est de quel bord!), sur le pont ou dans le ventre du dragon. Ce furent deux années qui nous auront soudés. Peu importe où ils mettront le cap, je sais que mes marins vont toujours s’ennuyer de mes confitures et me revenir.
« Les marins, c’est une femme dans chaque port et un porc dans chaque homme« , ai-je balancé l’autre soir pour voir leurs réactions. Leurs blondes respectives étaient toutes présentes, faut dire.
« Non, non, ça c’était l’ancienne marine, nous on est modernes, a rétorqué Jacquot. C’est DEUX femmes dans chaque port! »
Celle qu’ils ont affectueusement baptisée « la fée de Gaspé » reste au port de Montréal. Et j’ai bien l’impression que nous sommes plus que deux…