Vendredi soir sur le Sedna. Je prends l’apéro avec mon ami Johnny, le gardien du légendaire trois-mâts. Elle descend l’escalier qui mène au « carré », la salle à manger de l’équipage. Tiens, une sirène!, me dis-je. Johnny pique un fard. Mon B, quatre ans, se tortille dans tous les sens. Petits ou grands, leurs hormones sont au galop. Même moi, elle me fait de l’effet. Elle s’en va voir Björk à côté, elle passait dire bonjour-bonsoir-bonne nuit. On ne sait plus trop. On voudrait voir l’aurore et le crépuscule sur sa peau. Elle a beaucoup de bouts de peau à offrir au regard. Un t-shirt qui se déploie sur sa poitrine qu’on devine ferme, le nombril à l’air comme il se doit, une mini-jupe en denim qui laisse filer les jambes nues. Il fait chaud, septembre paresse et les sens amollis se réveillent à sa vue.
En trois minutes, nous sommes déjà dans le vif du sujet, sous l’oeil amusé de Johnny qui prépare le riz aux fruits de mer.
J’ai mentionné qu’elle a 23 ans?
– Moi, j’ai fait anthropo et maintenant je comprends la nature de l’homme, dit-elle. – Et c’est quoi sa nature?, demande Joblo inocemment – Il faut qu’il plante des graines partout. Il n’est pas fidèle.
J’avoue que j’ai compris tous les hommes de la Terre de ne pas l’être une fois la petite sirène disparue. Que voulez-vous… Tant d’oestrogène en concentré. Une statue de chair qui suinte. Un tourment ambulant qui vient faire ses griffes sur deux pauvres marins. Mise expressément sur le pont pour tester la volonté et l’endurance. Mais ce sont des durs de durs. Et ils comprennent la nature de la femme…