Il s’asseoit à côté de moi, commande son jus de canneberges-soda, en rougissant, au barman qu’il connaît pourtant depuis des années. « Les beaux hommes m’intimident toujours« , me glisse-t-il en se trémoussant.
G. mon prof de danse gay et philippin (ou philippin et gay, ça dépend des soirs) est une petite chose qui grouille, saute, s’esclaffe constamment. Pas très grand, un peu enrobé, les cheveux longs, un joli visage et une joie de vivre qui fait penser à un ruisseau au printemps et des orteils d’enfant qui se risquent dedans. Pour moi, G. est sans âge. Et un personnage comme je les aime. Authentique, attachant, gai dans tous les sens du terme.
J’ai enfilé la belle robe que mon amie Geneviève m’a donnée cet été, une robe qui lui allait à ravir. Un legs de blonde à blonde. Un aimant à mecs, même gays. Savez ça vous que Gay, ça vient de « Gentle and Young »? Anyway, la robe de Geneviève danse toute seule, c’est pas même croyable. J’ai juste à la suivre. Aucun mérite.
G. mon prof, n’est pas dupe. « Tu m’accordes le prochain tango? ». Il sait que la robe va se placer toute seule et qu’il aura l’air de savoir me mener.
Et puis, G. passe tout à coup aux choses sérieuses, les confidences de coeur ébréché: « Une belle femme comme toi, tu dois avoir tous les hommes que tu veux…« , dit-il en enviant soit ma blondeur, ma « shape », mes 1 mètre 70, ma robe ou la possibilité qu’un barman me pose un lapin. Il m’envierait même ça, cette fabuleuse option de rêver ou de souffrir.
« Ça n’aide pas. Crois-moi…« , réponds-je sur un sourire entendu, même pour les malentendants. Si je fumais encore, j’aurais pris une grande bouffée de ma Matinée Extra-Douce Slim menthol avant de balancer cette phrase pleine de silence dans la suspension.
Il m’offre son air le plus surpris, puis la connivence des âmes esseulées, le choeur des soupirs à pierre fendre se fait entendre.
Une autre bonne raison pour ne pas aller à « Il va y avoir du sport » la semaine prochaine. Pour répondre à la question: « L’homme québécois est-il l’homme idéal? ». Pas plus que l’homme grec, philippin, français, turc ou croate. Pas plus, pas moins.
Ça dépend des créatures comme disait la chanson… Et du point de vue.