Je rentre de l’école où j’ai laissé mon B dans la cour. Je me résigne à cet encadrement, balises imposées par la société. C’est une école. Pas la meilleure (au sens large, pas en terme de performances académiques, au contraire), mais c’en est une. Je suis toujours persuadée que l’école est surtout faite pour les filles, qu’on demande aux garçons d’être sagement assis toute une journée alors que cela leur est physiquement impossible, certains encore moins que d’autres. Les petits garçons sont plus turbulents, ont besoin de se « battre », de se chamailler avec leur corps, leurs muscles, tout leur être. Se mesurer est une école aussi.
Il y a tant d’écoles. D’abord, y’a celle de la vie, tout du long. Il y a aussi l’école de la société, celle des apprentissages des limites et des connaissances. Mais de toutes les écoles, c’est celle des épreuves qui m’a le plus appris. Celle de la maladie aussi, elle m’a rendue très humble et plus empathique. Elle use les piquants, comme dit une amie. Avant la maladie, j’étais baveuse, trop sûre de moi, chiante pour les autres. Je ne savais pas encore qu’on ne savait jamais. Dure école mais efficace.
Y’a aussi eu l’école du bouddhisme, non négligeable. Non négligeable parce qu’on apprend assis sur son cul, pas autrement, la patience notamment. L’école des voyages est une école bien valable, vous ouvre grand les yeux et vous sort de votre petit cocon confortable. L’école de l’amour, celle-là, j’y ai goûté. De nombreux culs-de sac, quelques Everest mais j’ai manqué d’oxygène souvent. Une école de souffrance dans laquelle je croyais trouver toutes les solutions.
Je ne néglige pas l’école de la vieillesse, toutes ces vieilles âmes dont je me suis entourée toute ma vie durant, puisant dans leurs rides une goutte, une larme, un sillon, une direction. Et puis y’a aussi eu l’école de la maternité, celle-là m’a rendue beaucoup plus humaine, m’a usée, tempérée, assise.
L’école de l’hypersensibilité m’a permis de toucher au monde à travers mes sens. Difficile parfois mais très efficace parce que les sens ne mentent pas. Et chez les bouddhistes, l’esprit est le sixième sens. J’ai beaucoup développé mon sixième sens. Dans l’école de la danse, j’ai plutôt développé le goût de la liberté, vaincre la gravité, vivre en apesanteur, communiquer en silence.
J’ai fréquenté toutes sortes d’écoles, j’en connais qui sont passés par le sport, les drogues, les fugues, la peinture, les animaux domestiques, le yoga, le chant, pour appréhender le monde et s’y faire une place, pour trouver une façon de s’y inscrire ou de s’en échapper.
Mais de toutes les écoles, rien ne bat une main d’enfant dans la mienne lorsque je traverse la rue pour me rendre à l’école. C’est l’école de la confiance. Et celle-là, est vraiment la plus délicieuse qui soit.