Générale

L’hystérie de la listériose

Faut se taper la lecture des journaux en rafale pour réaliser à quel point nous manquons de retenue et de logique. « Nous », c’est « eux », bien sûr. D’abord la listériose. Comme l’a écrit un collègue, il meurt 1000 fois plus de gens à cause de la grippe chaque année. Et à moins d’avoir passé l’âge de coucher les fesses à l’air ou d’être en traitements de chimio, vous devriez être bon pour vous en sortir sans avoir à vous rabattre sur les singles de Kraft. Je le tiens d’une spécialiste sur la question, c’est elle qui briefe les « officiels » en ce moment.

J’ai passé une partie de mes vacances en Gaspésie à participer à un suicide collectif au Riopelle de l’île-aux-Grues autour de la table de notre Clo nationale. D’ici 72 jours, il se pourrait que je sois prise de nausées, de vomissements (je mélange peut-être avec la samonellose, je sais plus), de delirium tremens (je mélange peut-être avec la grappa, laquelle tue tous les microbes, c’est prouvé).

En tout cas, après le Riopelle (et quelques bouteilles de « roge »), j’ai eu une dernière poussée de lucidité en m’évanouissant sur ma taie d’oreiller à Rose Bridge: les symptômes du mal de mer sont les mêmes que ceux de la grossesse et de la cuite. Alors, pour la listériose, je serais bien mal foutue de savoir si c’est ça ou pas. J’ai failli vomir sur le dos d’un rorqual bleu et me noyer dans les eaux froides de la baie de Gaspé sans que ça me fasse un pli sur la différence. Au point où j’en étais, le coeur au bord des lèvres, en finir m’apparaissait comme un soulagement. Mais entre mourir d’un mal de mer et mourir d’un mal de fromage, je préfère encore le fromage. Au moins, on reste sur le plancher des vaches.

À lire ce qu’on fait avec les vieux, lesquels se multiplient à une cadence folle (à croire qu’ils baisent comme des lapins Eveready, grand Dieu!), je vais continuer à bouffer du Riopelle longtemps et/ou jusqu’à ce que j’en crève. Et lorsque nous en serons à concrétiser notre plan de maisons (oui, oui, au pluriel) de retraités à Cap-aux-(Vieux)Os, Clo et moi nous sommes jurées de ne jamais lâcher le Riopelle. On n’a qu’une vie et on la préfère crue plutôt que pasteurisée.

En attendant que l’ostéoporose nous gruge, notre présidente du 475e anniversaire de Gaspé (ça commence à minuit le 31 décembre), nous réserve des surprises dont je n’ai pas encore le droit de parler. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle a accepté ce mandat parce qu’elle serait trop vieille pour organiser le 500ème!


Claudine Roy, à la barre du 475ème anniversaire de Gaspé

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