Générale

Limite Sorbonne

Y’a des fois où je me dis que je ferais mieux de me taire et de me terrer. La vie m’en veut.

Parce que la vie est une coquine qui n’arrête jamais de vous rire en pleine gueule. Prenez cet article post-Saint-Valentin. Je le croyais mort et enterré. Que non! Après avoir démoli le Valentin de l’annonce du Devoir, bien en règle, pif paf dans les dents, après qu’il m’aie galamment remerciée de lui avoir épargné une rupture aussi douloureuse que lancinante (et envoyé un bouquet de fleurs virtuelles), je croyais que tout ça n’était plus qu’une anecdote de plus dans mon cv. Tu parles!

Sortant de la buvette Chez Simone, j’attends un ami qui s’attarde à l’intérieur. J’aperçois un comédien de ma connaissance (très vague) qui parle dehors avec son cellulaire. Beau Brumel, style Serge Dupire (alias le Grand Condé dans Louis, enfant roi), accent limite Sorbonne. Il m’apostrophe d’un air mi-péremptoire, miiiiiii…on-ne-me-la-fait-pas: « Hep, viens ici! J’ai à te parler. » Déjà, il ne m’en faut pas plus pour que je fige. Je me serre tout contre Caro, ma fidèle et jeune amie, qui a déjà fait déguerpir un Rottweiler en liberté au fin fond d’un chemin de campagne sous mes yeux incrédules, qui ne pèse pas plus qu’un chiwawa mouillé et qui lève un sourcil dubitatif devant la scène qui va se dérouler devant elle.

« Bonsoir, vous allez bien?« , dis-je poliment.

 » Tu ne me reconnais pas? »

« Oui, oui... »

« Non, « Limite Sorbonne », c’est moi! »

« ….. »

« Ta mère a raison: quel gaspillage. »

Je m’enfarge dans un bredouillage, je postillonne un je-ne-sais-quoi de pas très brillant et je déguerpis vite fait. Merde.

Mon copain me sermonne mais il aime le trouble, pas moi: « Tu connais X et il te fait du plat? Tu attends quoi? »

Caro n’est pas du même avis: « Moi, les gars qui ont le torse plus avancé que le menton, je ne supporte pas! »

Je n’attends pas très longtemps, X finit par m’envoyer une bouteille à la « mère » après que j’y aie largué un petit mot pour me faire pardonner (Quoi au juste? Bof). Charmant au demeurant, le monsieur. Mais les comédiens, j’ai donné Dédé (je sais, c’est horrible de les mettre tous dans le même bottin mais j’ai aussi vérifié son astrologie chinoise pour 2009). Enfin, pour clore le chapitre, la missive disait:

« Foutre! une invite dès potron minet! (ton limite Sorbonne) De celle qu’oncque n’obvie sans déshonneur! (mi-intello) Alors je relève le gant marquise! (mi-sportif) Car pour un damoiseau de ma sorte (coquin),l’amitié d’une belle (cultivée),n’est-ce-pas sinon, l’humus du rêve (par en haut),le hochet de son braquemart? (par en bas). Je me rends donc! Et si d’aventure (l’imprévu) s’avérait une rencontre (complice),qui sait si le chaperon (maman) n’y trouverait à espérer?! (optimisme) Bref, tous les possibles sont ouverts…(positif) »

Un court instant, je me suis sentie comme la muse de Musset. J’ai appelé Caro:

« Dis, cocotte? Tu vas l’écrire mon autobiographie autorisée lorsque je serai vieille, édentée et plus du tout courtisée? Tu pourras mettre les vrais noms, ce sera plus croustillant. »

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