Déjà le titre, faut connaître un peu l’argot. Et moi qui ai tout de même pratiqué San Antonio durant toute l’adolescence, je pige que dalle. Micmacs, c’est pas les autochtones gaspésiens, c’est l’intrigue. Pour un film, ça décrit un genre. À tire-larigot, c’est « en quantité. Voilà. De l’intrigue en quantité. Mais y’a aussi de l’imagination à tire-larigot dans ce dernier Jean-Pierre Jeunet. Je ne me lasse jamais de ce délire visuel, dans la lignée d’Amélie Poulain ou de Delicatessen. Voyez le site Web plutôt.
J’ai eu la banane acccrochée tout du long. Ici, c’est le royaume de l’embrouille et de la débrouille, de la racaille et de la feraille, de la récup qui percute. Rien à voir avec mon dernier billet. L’anti-Ikéa, le revers du Grand Prix et des bagnoles aperçues rue Peel hier après-midi. Aucune Rosa de Course, ni de Gino les Moteurs. Et ma préférée, c’est Tambouille, alias Yolande Moreau qu’on a pu voir dans La Séraphine (un film qui se noie dans toutes les nuances de bleu, y compris les bleus de l’âme).
On pourrait penser que cet univers fantasmatique présenté par Jeunet n’est qu’un fantasme, justement, qu’une critique sociale qui vise à opposer les bons (ratés) aux méchants (parvenus et criminels). Pourtant, j’ai pensé à ce bon vieux Florent Veilleux, cet artiste dans l’âme, anarchiste dans l’être, pataphysicien désynchronisé et tout ce que vous voudrez. Désargenté aussi, comme le sont souvent les êtres qui appartiennent davantage à la fiction qu’à la triste réalité.
À contrecoeur, Florent a mis à vendre deux de ses pièces récemment. Pour pouvoir vivre. Parce qu’aucun musée, sauf le Centre des Sciences, ne cherche à conserver son oeuvre. On peut les acheter (ou les admirer!) à la galerie 106U, rue Roy, à Montréal. Paraît que c’est cher et j’ai comme l’impression que Florent ne désire pas vraiment s’en départir. Ce matin, je lui ai écrit d’aller voir le film de Jean-Pierre Jeunet. Y’a un avenir pour les visionnaires…