Générale

Post-préméno

J’ai reçu beaucoup de courrier suite à l’article de vendredi dernier sur la préménopause (et toutes les pauses en découlant). Ça devrait me réjouir alors que non, au contraire, je sens les femmes bien seules dans cette aventure qui n’est tout de même pas une si grande surprise pour l’humanité.

J’ai aussi reçu cette lettre du Dr Sylvie Demers, médecin, biologiste, chercheuse, fondatrice du Centre ménopause-andropause Outaouais et auteure du best-seller Hormones au féminin: Repensez votre santé (Éditions de l’Homme, 2008,2009). Je reproduis intégralement vu le contenu et l’auteure, une femme documentée qui fait du terrain. À vous de jouer (c’est hyper simple pour la pétition: 10 secondes)! Madame Blanchette, Merci pour votre bel article « La préméno pour les nuls » publié dans Le Devoir du 28 mai dernier. Quel délice ce fut pour moi de vous lire. Non seulement votre style littéraire est savoureux, mais ce que vous décrivez reflète la réalité que vivent actuellement plusieurs Québécoises. Malgré le fait que leur préménopause-ménopause durera en moyenne quarante ans (environ la moitié de leur vie), en parler est encore tabou, honteux et presque subversif.

Vous dites : « …la science hoquette encore quant aux soulagements à apporter aux femmes. » Vous avez tellement raison. La préménopause est causée par une baisse de production des hormones féminines par les ovaires vieillissants (comme l’hypothyro?die est causée par une baisse de production des hormones thyro?diennes par la glande thyro?de); c’est pourtant simple et clair. Mais le hic est justement là. Comme on méprise actuellement les hormones féminines (contrairement à toutes les autres hormones humaines), comment voulez-vous qu’on traite adéquatement les femmes ? Je constate jour après jour que le mépris institutionnalisé des hormones féminines est responsable d’une inutile souffrance, d’une surconsommation de médicaments et de produits naturels chez plusieurs femmes. Et je ne parle pas ici du discours moralisateur, culpabilisant ou infantilisant que l’on sert trop souvent à ces femmes qui désirent, comme vous, en toute légitimité et de façon intelligente, retrouver leur bien-être et leur vitalité. On croit généralement que les ovaires produisent des hormones qui « donnent du trouble » et qui sont par surcroît cancérigènes, alors que les testicules (organes équivalents du côté masculin) sont des « bijoux de famille » qui produisent des hormones conférant aux hommes puissance, confiance et virilité. Cette croyance sexiste est décourageante et désolante. Ainsi, les hommes, eux, « ont des couilles » qui leur attribuent une virilité positive tandis que les femmes, elles, ont des ovaires qui peuvent donner le cancer. On protège précieusement les testicules alors qu’il n’est pas rare qu’on enlève des ovaires sains pour prévenir le cancer (diagnostic médical : oophorectomie bilatérale prophylactique). Comprenez moins bien : j’approuve et j’aime que les hommes soient fiers de leur testostérone, mais je désire tout autant que les femmes soient fières de leurs hormones féminines. Il faut savoir que les hormones féminines sont celles qui exercent le plus de fonctions chez l’humain, hommes et femmes confondus! Elles sont essentielles, entre autres, à leur bonne santé osseuse et cardiovasculaire. Par ailleurs, il est devenu scientifiquement clair pour moi, dans ma pratique quotidienne et au fil de mes recherches, que l’utilisation judicieuse de l’hormonothérapie féminine bioidentique (composée d’hormones identiques à celles produites par les ovaires) joue un rôle inestimable dans le bien-être et la santé des femmes. Bien des acquis restent à faire pour les femmes et même ceux si durement et âprement conquis me semblent parfois bien fragiles. Depuis plusieurs années, je me bats pour que les femmes, qui en font le choix éclairé, aient droit à l’hormonothérapie féminine bioidentique. Et je vous assure que la route est difficile. La formation des médecins sur ce sujet est pratiquement inexistante. Malgré que l’hormonothérapie féminine bioidentique (de type estradiol-17ß transdermique et progestérone micronisée) ait fait l’objet de nombreuses et excellentes recherches scientifiques, fort étrangement, leurs résultats pourtant tous positifs ne sont à peu près jamais médiatisés, laissant croire aux médecins et autres professionnels de la santé que ce type d’hormonothérapie n’est pas testé scientifiquement (pour reprendre l’expression de la gynécologue que vous avez consultée). La confusion, voire la désinformation, est la règle en hormonothérapie féminine, et de toute façon, on aime tellement faire peur aux femmes! Pensons à la psychose actuelle du cancer du sein, responsable de moins de 2 % des décès chez les femmes alors que, par exemple, 46 % des décès des femmes sont attribuables aux maladies cardiovasculaires, soit 23 fois plus! On traite les symptômes des femmes à la pièce et on assiste à une montée fulgurante de la consommation d’antidépresseurs et de plusieurs autres psychotropes utilisés pour traiter la préménopause et la ménopause en lieu et place d’une hormonothérapie bioidentique prescrite intelligemment.  De plus, la RAMQ couvre ces psychotropes mais pas les hormones féminines bioidentiques qui, elles, sont considérées comme des médicaments d’exception. Il faut aussi savoir que ces hormones ne sont pas brevetables, ce qui les rend beaucoup moins intéressantes financièrement et explique probablement pourquoi elles ne jouissent pas du lobbying puissant dont profitent antidépresseurs et psychotropes auprès de la gent médicale. Heureusement, de plus en plus de femmes et d’hommes se lèvent pour dénoncer l’injustice faite aux femmes. J’aimerais mentionner la détermination de l’une de ces personnes, Christine Bouchard, acupunctrice et ambulancière paramédic, qui a initié une pétition pour que l’hormonothérapie féminine bioidentique soit couverte par la RAMQ. D’autres femmes se sont jointes à Christine : Marie Vanier, neuropsychologue, Francine Bergeron, femme d’affaires et Louise Sauvageau, pharmacienne à la retraite. Sachez que du côté des hommes, l’hormonothérapie masculine bioidentique est couverte, malgré qu’elle soit plus chère et qu’elle ait fait l’objet de moins d’études scientifiques que celle féminine. J’aimerais tellement que cette pétition électronique, déposée sur le site de l’Assemblée nationale, soit connue de tous et qu’elle reçoive un appui massif avant la date limite de signature le 16 juin prochain, afin d’inciter les décideurs à faire des choix équitables envers les femmes.  Accepteriez-vous de publier ce lien : http://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/signer-petition/index.html

Je tiens à vous remercier, madame Blanchette, de contribuer, par vos questionnements et par le récit de votre propre expérience, à faire évoluer les mentalités en matière de santé des femmes. Je me plais à espérer que les femmes puissent choisir librement et avoir accès, la tête haute et fière, à ce qui leur semble le meilleur pour elles. Bref, avançons dans cette seconde moitié de notre vie avec l’assurance de celles qui prennent en main leur santé et leur joie de vivre.

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