Je savais que ça vous surprendrait. Si la Fédération des Femmes du Québec peut s’opposer à l’interdiction, dire « non au non », je peux appuyer la permission, dire « oui au oui »! Et comme la saison des mariages s’amorce; moi, je suis pour le voile de la mariée… à condition qu’elle puisse l’enlever pour flanquer un beau gros french-kiss à son promis-juré. À condition qu’elle ne le remette plus après ou alors pour faire la danse des sept voiles. À condition que ce voile prenne le vent et lui rende sa liberté.
Le voile est le symbole de l’hymen. Lorsque le mari le relevait, il signifiait symboliquement à l’assemblée, que la jeune femme lui appartenait, qu’il la déflorait publiquement et pudiquement. Heureusement, on peut se marier sans voile aujourd’hui même si je trouve l’accessoire vintage et encore très joli. Une dernière barrière à franchir avant le oui-je-le-veux final.
Maintenant, toute cette question du voile comme symbole religieux (non, désolée, c’est pas une croix dans le cou, ni un chapelet au poignet lorsqu’il fait 40 Celcius à l’ombre et que tu te balades avec une tente noire pour couvrir ton anatomie). Ce voile-là me tue, je suis absolument contre, il me choque, me hérisse, me donne le tournis. Et je ne suis pas certaine que la FFQ fait avancer la cause des femmes en essayant d’en protéger quelques-unes tout en s’alliénant le plus grand nombre. Je ne serai jamais complice de la soumission. Et je me battrai en sous-vêtements sur des couvertures de livre pour avoir le droit de m’afficher dans ma vérité, ma vulnérabilité, sans honte et sans retouches, en disant simplement: voilà. J’aimerais penser qu’il en sera toujours ainsi. Que je ne serai pas assassinée pour ça…
Ma collègue Marie-Claude Lortie en a parlé cette semaine. Je l’ai croisée en sortant de la garderie et elle me racontait qu’on l’a varlopée. Bien sûr, elle aurait dit le contraire, qu’on l’aurait varlopée tout autant. Prendre position pour la liberté des femmes est délicat. Mais chose certaine, cette liberté est à défendre tous les jours, constamment, avec des ajustements, en souplesse, mais sans faire de concessions devant le machisme et l’oppression. Il y a des voiles qui pèsent plus lourds que d’autres sur la tête.
MÀJ: Ce texte de Lise Payette et cet autre, de la même auteure. Ils sont toujours d’actualité.