J’ai rarement eu autant de peine à l’annonce du décès d’un politicien. Mais Jack Layton était un homme avant d’endosser les causes politiques. Et c’est cet humanisme qui nous touche tant. Nous perdons, qui un frère, qui un ami, un pote, un père, un grand-père, un mari.
Ce matin, lorsque j’ai crié « Jack Layton est décédé » au mari moins tout neuf qui s’apprêtait à partir au bureau dans son petit maillot de vélo, la tristesse était palpable chez mon homme. « … Tu l’avais dit. » Oui, je l’avais dit lorsqu’il a quitté cet été; il portait le masque de la mort et le fait de taire l’origine de cette récidive n’annonçait rien de bon.
Mon mari un peu usé a travaillé avec lui durant quelques années lorsqu’il était au Ministère des Finances et il garde un profond respect pour le bonhomme: « Il ne se prenait jamais au sérieux. Il arrivait en vélo au Parlement, même l’hiver, et il s’en allait rejoindre son ami Gilles (Duceppe) au gym. Lors des huit-clos budgétaires, il pouvait arriver à côté de Duceppe avec son grand sourire, le prendre par l’épaule et envoyer: « Tu peux pas dire ça Gilles!!! « »
Son ami Gilles doit le pleurer ce matin. Et je pense à Olivia, sa femme, avec qui il formait un des couples mythiques les plus forts, non seulement sur le plan politique mais aussi sur le plan humain. De la trempe des Hugo Latulipe et Laure Waridel, pour qui j’ai la plus haute estime et qui ont un charisme que j’ai rarement vu, la complicité des grands amis pour la vie, se soutenant l’un l’autre, partageant les mêmes idéaux. Ce tandem est aussi beau qu’inspirant.
Je pense à Olivia ce matin, même si la Faucheuse lui a donné le temps de se préparer. Il n’en reste pas moins… son Jack, le bon, est mort. Toute ma sollicitude.
Photo : La Presse canadienne (photo) Darryl Dyck