Générale

Voyage de noces

Je ne pensais pas tomber en amour durant mon voyage de noces. Et pourtant, j’ai eu un coup de foudre immense pour elle. Oui, c’est une femme, de haut rang, une sérénissime. Humide, sensuelle, mystérieuse, charmeuse, masquée. Je me suis passionnée pour son histoire, suis tombée pâmée (dans les pommes) devant ses secrets, ses labyrinthes. Je m’étais jurée d’aller à sa rencontre avec l’homme de ma vie qui ne la connaissait pas non plus. Et le voyage de noces était tout indiqué pour s’initier à ce miracle qui survit aux ravages du temps et la montée des eaux. Quétaine? La beauté ne peut jamais l’être.


« Une vie ressemble souvent à ces palais du Grand Canal commencés en bas par un appareil de pierres orgueilleusement taillées en pointes de diamant, leurs étages supérieurs hâtivement achevés en boue séchée. » Paul Morand, Venises


Tout au bout de la pointe de la Salute… « Comme une vieille sur ses béquilles, Venise s’appuie sur une forêt de pieux; il en a fallu un million rien que pour soutenir la Salute: et c’est insuffisant. » Paul Morand.


Sauf exception et recommandation des locaux, on y mange plutôt mal, le service est infect et chaque restaurant semble tout faire pour ne plus jamais vous revoir. Quant aux prix… il faut avoir l’estomac solide. Vivre d’amour et d’eau fraîche prend tout son sens ici.


Les puits de Venise, sur chaque campo, désormais condamnés, conservent eux aussi leurs secrets. Une façon ingénieuse et écologique de récupérer l’eau de pluie.


Même ce cloître privé (vendu ou cédé par Napoléon à une famille riche) ouvert pour la Biennale, avait le sien. Incidemment, on prétend que les nonnes avaient la cuisse légère dans la Sérénissime. « Les religieuses vénitiennes, à l’époque, sont un vivier célèbre de galanterie » (Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise)


Que c’est triste Venise, au temps des amours mortes/Que c’est triste Venise quand on ne s’aime plus… air connu.


La peur du crabe nous hante tous.


L’urgence de l’hôpital donne sur un canal…


La totale. Notre gondoliere est polonais, pince-sans-rire, socialiste, nouveau papa et érudit. Une heure délicieuse dans les canaux du ghetto en sa compagnie. Il nous pousse une ritournelle en italien à ma demande, me cueille un bouquet de laurier-rose au passage. « Les Vénitiens ont inventé l’impôt sur le revenu, la statistique, les rentes sur l’État, la censure des livres, la loterie, le ghetto, les miroirs de verre. » (Paul Morand.) Et j’ajouterais, les gondoliers.


Lune de miel… suite et fin vendredi.

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