Prochain arrêt je débarque

La vieillesse en cage

Un livre choc sur la maltraitance de nos aînés. Mais surtout, un miroir devant notre indifférence.

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Ce n’est un secret pour personne, depuis que je suis toute jeune, j’aime les vieux et je m’intéresse à eux, à leur sort, à ce qu’ils ont à dire, à leur mémoire, à la transmission, à leur place dans notre société.

Je les aime au moins autant que l' »ombudsman des vieux » que nous avons eu l’occasion d’entendre hier soir à TLMEP, la Ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais. Son anecdote sur monsieur Roy à Val-d’Espoir (en Gaspésie) – un centenaire qui disait avoir des projets pour les 100 prochaines années- ne m’a pas émue. La « cutification » des vieux ne m’amuse pas. Comme celle des enfants, d’ailleurs. On nous endort avec de charmants exemples comme ceux-là qui ne représentent pas le sort de la majorité. Mais ça paraît bien dans une émission de variétés où l’on demande d’être réinvitée, et deux fois plutôt qu’une.

Par contre, quand madame Blais nous dit qu’il faut aller visiter nos vieux, de faire du bénévolat pour eux, je seconde à fond. Elle indique sans le dire que dans notre soudaine prise de conscience, il y a un peu beaucoup de notre faute. Tu parles! On voudrait que l’État prenne tout en charge, y compris l’amour, le respect, la solidarité, la vigilance, le dévouement. Si les ministres sont imputables de leurs bêtises, nous sommes redevables envers nos vieux.

Pour en revenir aux CHSLD, dont il a été beaucoup question ces derniers temps et du nombre d’inspecteurs qui passera de 2 (deux?) à « on ne sait trop combien pour l’instant », nous avons abandonné nos vieux et rares sont ceux qui prennent leur défense. Y’a rien de moins sexy qu’un vieux. Sauf, peut-être, un mort.

J’ai commencé à lire un livre assez scandaleux qui nous met le miroir devant les yeux: « La vieillesse en cage » de Marie des Aulniers, une infirmière auxiliaire retraitée qui a travaillé plusieurs années avec les personnes âgées. Les exemples qu’elle donne, même sous des allures de fiction, sont à flanquer la chair de poule.

Un exemple parmi d’autres: le réveil d’Alice au centre d’accueil à 5h30 le premier matin, par deux préposées qui doivent préparer 37 patients pour les amener à la salle à manger qui commence le service à… 8 heures! Les préposées terminent leur quart à 7h30. Alice est la première qu’on lève de force et qu’on « parquera » dans son fauteuil roulant devant la table où elle doit attendre son bol de gruau pendant deux heures.

Ce n’est pas de la grande lecture, ni très bien écrit. Ce n’est pas le but. Voici un témoignage fort éloquent du quotidien pas très glorieux, des petites tortures infligées par abus de pouvoir, par négligence, par manque de moyens ou d’empathie à des gens devenus muets et apeurés. Fragiles, est le mot. De toute façon, le médecin signe leurs avis de décès d’avance (si cette pratique perdure, j’aimerais bien qu’elle soit dénoncée). Ils n’ont qu’à bien se tenir… Il ne reste que l’heure à ajouter.

Si tout le monde lisait ça, c’est certain que les visites auprès des aînés augmenteraient et qu’on aurait moins besoin d’inspecteurs pour faire un boulot qui revient d’abord aux familles.

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