Prochain arrêt je débarque

Les indignés

Je dirais presque: enfin. On commence à s’indigner. Il n’est pas trop tôt.

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Je dirais presque: enfin. On commence à s’indigner. Il n’est pas trop tôt.  Et cette photo parle plus que tout ce que je pourrais vous écrire sur le sujet.

Le mouvement des « indignés » prend de l’ampleur. Et il mène à une prise de conscience collective au sujet du fric, de son culte, de son implacable loi du plus fort et de ses ravages sur le reste des troupes.

Deux choses à ce sujet. La semaine dernière, mon conseiller financier est venu me voir, on a fait le tour de mes investissements (j’ai tenté de déserter la Bourse depuis de nombreuses années et mes rendements REER font pitié). J’étais un peu débinée par mes perspectives de retraite. Finalement, je n’en prendrai probablement pas et ça ne m’inquiète pas vraiment, sauf si je suis malade.

« Vous savez, vous êtes chanceuse, beaucoup de mes clients ont perdu de l’argent« , m’a dit mon conseiller qui m’a aussi balancé dans la foulée que la Bourse ne rapportait rien depuis dix ans. C’est le même gars qui me conseillait d’investir davantage à la Bourse l’année dernière! Désormais, si j’ai bien compris l’astuce, on investit notre « vieux-gagné » pour ne pas en perdre trop. Pendant ce temps-là, des gars comme lui investissent et font de l’argent. Devinez comment… En s’occupant de leurs affaires (et des nôtres).

La deuxième chose. Il y a une dizaine d’années, j’animais une émission de finances personnelles pour les femmes à Canal Vie. 26 émissions enregistrées en 7 jours, faites le calcul. J’étais torchon-chiffon-carpette après ce sprint qui m’a guérie à jamais de ce genre de télé qui ressemble beaucoup au capitalisme sauvage. L’émission a récolté des scores faméliques en terme de cotes d’écoute. Et la directrice de programmation de l’époque m’apprenait dernièrement que des focus group lui avaient révélé que le sujet était pertinent (et il l’est plus que jamais). Le problème, n’était pas là, non.

Le problème, c’est que les madames savent qu’elles sont endettées, que leur testament n’est pas fait, qu’elles devraient renégocier leur salaire, qu’elles n’ont pas de coussin financier en cas de pépin ou de maladie grave, qu’elles paient 50% des dépenses domestiques alors qu’elles gagnent un tiers de moins que leur conjoint (sauf pour 25% d’entre elles qui gagnent davantage et c’est un problème aussi), qu’elles sont mal investies à la Bourse, qu’elles surconsomment et que leur compagnie de crédit est riche grâce à elles. Elles le savent, mais elles ne veulent pas se le faire rappeler. Voilà ce que disait le focus group. Alors, elles zappent ailleurs. Un show de cuisine, par exemple… Vos couteaux sont-ils suffisamment aiguisés?

S’indigner? C’est la première étape avant la révolte et l’action. Et les couteaux vont voler bas.

Si jamais vous désiriez aller plus loin, un lecteur du Devoir (Pierre Bellefeuille) suggérait cette liste de livres sur le sujet:
– La stratégie du choc, par Naomi Klein ;
– L’empire de la honte, par Jean Ziegler ;
– Contes et comptes du prof Lauzon, par Léo-Paul Lauzon ;
– Le triomphe de la cupidité, par Joseph Stiglitz ;
– Guerre et mondialisation, par Michel Chossudovsky ;
– Capitalisme et pulsion de mort, par Gilles Dostaler ;
– La société malade de la gestion, par Vincent de Gaulejac ;
– La fabrication du consentement, par Noam Chomsky
http://www.acrimed.org/article3010.html;
– Le site web http://www.mondialisation.ca.

Heureusement qu’ils se sont indignés avant nous.

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