Ce matin, c’était frappant dans mon journal. Des hommes armés, en liesse, un dictateur mort, des bandits à cravates. Tous des hommes. Deux femmes qui répandent du vin plutôt que du sang, ici.
Vous me direz, je devrais me réjouir- si j’avais un peu plus de conscience- de la mort de Kadhafi. Même mon B de huit ans sait que c’est un méchant et que Layton était un bon Jack.
Eh bien non. Pour les mêmes raisons que j’essaie d’inculquer à cet enfant des notions de paix, de non-violence. Pour les mêmes raisons que je n’ai jamais acheté de mitraillette en plastique (ok, un pistolet à eau, j’avoue) ou tout autre jouet violent à mon fils, j’ai un malaise avec la violence sanctifiée. Traitez-moi de bouddhiste si ça vous chante.
Bien sûr que Kadhafi n’est pas un homme comme les autres, qu’il en a torturé des tas, fait mourir femmes et enfants, sans sourciller, pendant des décennies. C’est un monstre. Mais au fond de moi subsiste cette tristesse qu’on doive encore faire couler du sang et répandre la haine pour « guérir » du problème. Qui pleurera cette ordure, de toute façon…
Les Maghrébins ont cette expression fort jolie: « avoir la haine ». Voilà, je ne veux pas « avoir la haine ». Et je ne veux pas transmettre ce microbe. Et ces images glorieuses de la mort de Kadhafi -comme celles de Ben Laden d’ailleurs- n’y changeront rien. Elles répandent leur venin partout.
Je ne suis pas une sainte pour autant. Je comprends parfaitement les Lybiens de se sentir vengés et d’en tirer une quelconque consolation. Simplement, je sais qu’elle sera de courte durée. Il est mort. Et qu’est-ce que ça change?
Précision: Libé explique pourquoi ils ont publié les clichés. La catharsis est évoquée.