Blogue La course et la vie

Je lapine, tu lapines, nous lapinons

Cet être délicieux, altruiste et expérimenté qui guide votre course.

lapinrose

Si le mot « lapin » éveille en vous autre chose que le souvenir délectable d’un lapin à la moutarde et à l’estragon, c’est que vous êtes un coureur.

Un lapin, en un mot comme en cent, est cet être délicieux, altruiste, expérimenté (okay, et un peu boss de bécosses) qui met de côté sa propre course pour se mettre au service de celle de quelqu’un d’autre.

Vous.

C’est pas gentil, ça? Si, c’est gentil. C’est plus que gentil, c’est un grand signe d’amitié.

C’est votre lapin qui vous fait répéter « steak, surtout pas de blé d’Inde, patates » à quelques jours d’une longue course, histoire de bien préparer vos muscles à emmagasiner le glycogène dont ils auront besoin pour courir longtemps.

C’est votre lapin qui, au matin du départ, s’occupe de vous rappeler que vous devez déjeuner, boire de l’eau, mettre votre dossard à l’endroit (eh oui, il y a des émules de Pierre Richard à la course, n’en doutez point), double boucler vos lacets, faire votre réchauffement correctement.

Un lapin, c’est surtout celui qui dit « suis-moi, je te guide ».  Il en a vu d’autres, et il s’ajuste à votre objectif personnel (je veux juste finir sans vomir/courir mon 10 km en 45 minutes/mon 21,1km en 1 :55, toutes les réponses sont bonnes puisque ce sont les vôtres) et s’occupe de tenir la cadence de votre course pour que vous atteigniez cet objectif.

Pendant la course, votre lapin protecteur vous surveille du coin de l’œil, réajuste la cadence s’il vous voit devenir vert, vous dirige vers les points d’eau, vous force à prendre un gel (quand je vous disais qu’ils ont parfois des tendances dictatoriales), vous répète, patient; « respire, respiiiiiire », vous raconte les péripéties de sa vie sentimentale mouvementée pour vous faire oublier l’effort et les crampes (ça, c’est vraiment un lapin dévoué), vous encourage quand c’est le temps (dans les montées) et sait se fermer la trappe quand vous êtes à bout (aussi dans les montées).

Bref, le lapin de course est d’une aide formidable, un ami précieux et une oreille bienveillante à tous les jurons qui seront exprimés pendant une course difficile. Il y a cependant une chose qu’il ne peut pas faire à votre place : courir.

Ça, il faudra quand même le faire toute seule. Un pied devant l’autre. Répétez jusqu’au fil d’arrivée.

La douce fourrure du lapin sera alors propice aux épanchements émotifs de fin de course. Pleurer de joie sur sa poitrine velue est doux au cœur de la coureuse euphorique (et épuisée).

Merci mon lapin!

 ***

P.S. À charge de revanche, un jour, vous serez le lapin de quelqu’un d’autre et ça vous fera plaisir. La course, c’est aussi donner au suivant…

Veuillez aussi noter que l’usage du lapin n’est pas pour tout le monde. Pour certains, ça peut même être une source de stress (peur de décevoir, entre autres raisons). Il faut bien se connaître soi-même avant de décider d’accepter l’offre généreuse d’un lapin altruiste.

Dans lequel cas, on se contentera de le braiser gentiment à la moutarde en écoutant les péripéties de sa vie sentimentale tout en vidant une bouteille d’excellent Bordeaux.

 

À lire : tous les billets de blogue de Geneviève Lefebvre.

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