Blogue La course et la vie

S’entraîner avec les gars

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Je me suis toujours entraînée dans des gangs mixtes. Des filles, des gars. J’ai aimé ça tout de suite. L’échange. La camaraderie. L’absence de rapports de séduction (mon ami Christian n’est pas d’accord avec moi sur ce point. Il tient à son 3 % de séduction. Pourquoi 3 % et pas 5 % ? Aucune idée, vous lui demanderez).

Sur la piste, contrairement à bien d’autres milieux, je n’ai pas vu de sexisme. Ni, et c’est remarquable, de paternalisme. Vous savez de ces messieurs qui ont toujours un avis sur notre façon de faire les choses (moins bien que la leur, il va sans dire)? Ceux-là, oui.

J’en profite pour saluer les gars qui viennent aux entraînements du Club de course Châtelaine. Messieurs, c’est de toute beauté de vous voir aller, merci d’être là.

Sur la piste, disais-je donc, je n’ai eu que des expériences heureuses, dans un yin-yang magnifique de simplicité, de sueur et de solidarité. Les filles, les gars, tous coureurs, et tous égaux devant la maudite bandelette.

De ces gars avec qui je m’entraîne, j’aime tout : leur humilité devant les écueils (si, si), leur saine compétitivité pendant la course, la bine sur l’épaule tout de suite après, leurs faces aussi rouges que celles des filles, leur humour de runnings…  J’aime même le puissant arôme viril ( ! ) qu’ils dégagent après un entraînement.

En tant que fille, j’apprécie particulièrement la bruyante reconnaissance qu’ils ont pour l’effort accompli. Que ce soit leur succès ou celui de quelqu’un d’autre, c’est pareil. Ils ont bien couru? Ils lèvent les bras au ciel, remerciant les Dieux. C’est toi qui as bien couru? Ils te beuglent leur enthousiasme dans les oreilles comme si tu t’étais classée aux Olympiques.

Jean-Martin, Marie-Eve et Christian Crédit photo: Laetitia Laronze

Jean-Martin, Marie-Eve et Christian
Crédit photo: Laetitia Laronze

Nous, les filles, on a moins appris à crier, vraiment crier, notre enthousiasme. On est encore sur le mode « jolie et distinguée ». Mais je vous jure, il n’y a rien comme de s’égosiller jusqu’à s’en brûler les cordes vocales devant la performance d’un ou d’une camarade.

Gooooooooooooooo Isabelle! Gooooooooooooooo David!

Nous, quand on réussit quelque chose, qu’on atteint un but, pour lequel on a pourtant travaillé très fort, on se tait. Ou alors on minimise. Mais non, mais non, ce n’est pas extraordinaire. On a peur – que dis-je, on est terrifiées – par l’idée d’avoir l’air de nous vanter.

Eux? Pantoute. Ils « clenchent » à l’entraînement? Ils fracassent un record personnel sur une distance? La fierté leur sort par tous les pores de la peau, et ils sont pas gênés deux minutes de brandir la médaille qui vient avec.

Ce qu’ils ont à apprendre de nous? Je ne sais pas, c’est à eux de le dire (à vous la parole, messieurs). Mais ce que nous, les femmes, avons à apprendre d’eux, c’est à assumer pleinement la fierté de nos réussites.

En course, pour s’améliorer, il faut à la fois faire de la longue distance en endurance fondamentale ET faire de courts intervalles dans l’intensité. C’est l’amalgame des deux qui nous fait progresser. C’est exactement la même chose pour la mixité à l’entraînement. Nous sommes mutuellement bénéfiques les uns aux autres, et dans une équité qui fait plaisir à voir, à vivre, à respirer.

Sans compter l’impact provoqué par la vue d’un beau coureur à la foulée souple et au mollet avenant… Injection de motivation instantanée, et c’est gratuit mon kiki.

Pour citer Shirley Théroux, légendaire coach de course à pied : « c’est beau, un homme ».

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