4 nouvelles auteures à découvrir
Fannie Loiselle
Pourquoi écrivez-vous? Quelle place l’écriture occupe-t-elle dans votre vie? J'écris (et je lis) d'abord pour amoindrir l'angoisse et la solitude. À dix ou onze ans, je me racontais en silence une histoire, un genre de feuilleton que je reprenais chaque nuit pour m'aider à trouver le sommeil. Encore aujourd'hui, la narration m'apaise, me réconforte. J'écris aussi pour me réconcilier avec ce que ça me fait, de vivre ici et maintenant. Après quelques heures d'écriture, je me sens plus présente au monde, plus apte à reprendre le fil du quotidien. Enfin, j'écris pour compenser ma parole immédiate, qui me semble toujours inadéquate. Il me faut beaucoup de temps et de travail pour approcher, à défaut de toucher, ce que je voudrais exprimer.
Vous avez intitulé votre premier roman Saufs. À quoi vos personnages ont-ils échappé?
Dans Les enfants moroses, vous présentiez une galerie de personnages à travers de très courtes nouvelles. Cette fois, vous accompagnez un couple de jeunes mariés sur 284 pages. Comment s’est passée cette transition? Laborieusement, du moins, dans un premier temps. Le roman est un genre contre-intuitif pour moi, qui suis plutôt portée sur l'anecdote, le microrécit. Ce que j'ai envie de raconter tient le plus souvent en quelques lignes et, comme auteure, je m'ennuie très vite. Mais j'ai peu à peu pris goût à approfondir un univers, un personnage, à mettre la chair sur l'os. Et puis ça m'a permis d'éviter de retomber dans les ornières des Enfants moroses, de reproduire les tics stylistiques que j'avais contractés en écrivant ce recueil.
Que retrouve-t-on présentement à lire sur votre table de chevet? La femme qui fuit, d'Anaïs Barbeau-Lavalette, Jesus' Son de Denis Johnson, Maryse de Francine Noël et un livre d'entretiens avec Wes Anderson.
Il y en a eu quelques-uns, à différentes époques et pour différentes raisons: L'écume des jours, de Boris Vian, The Heart is a Lonely Hunter, de Carson McCullers, The Sound and the Fury, de William Faulkner, What We Talk About When We Talk About Love, de Raymond Carver, Birds of America de Lorrie Moore.