Club de lecture

Chrystine Brouillet : ma vie en cinq livres

Quel exercice difficile que de restreindre mon choix à cinq livres pour me révéler à vous! J’ai eu l’impression de trahir des amis en renonçant à certains titres, mais puisque le jeu le veut… Voici les joyaux qui ont semé leurs lumières dans ma vie.

Les contes du chat perché (1934-1946)
Ils ont enchanté mon enfance et je les relis toujours avec bonheur. Si je plaignais Delphine et Marinette, les espiègles héroïnes, d’avoir des parents très sévères, je les enviais de vivre à la ferme, entourées de tant d’animaux. C’était un univers poétique et profondément émouvant?; la mort de la panthère aux yeux d’or demeurera le gros chagrin de mes huit ans… Toute l’oeuvre de Marcel Aymé s’inscrit sous le signe de la fantaisie, voire du fantastique, et est baignée par son regard tendre et ironique.


Le ventre de Paris (1873)
J’étais adolescente au pensionnat, trop jeune pour emprunter ces ouvrages à l’index, mais sœur Thérèse me permettait tout de même de lire Les Rougon-Macquart, fresque sociale en 20 tomes de Zola. Je n’oublierai jamais le choc res­senti en découvrant le Paris de cette époque. Avec Le ventre de Paris, j’ai craint pour la vie d’un bagnard, flairé l’ab­sinthe, compris la cupidité d’une bourgeoisie, frémi à ses com­­plots… Émile Zola a créé un univers foisonnant, plus vrai que nature. À lire et à relire, pour toutes les fanas de Paris!


L’art du suspense (1966)
Je débutais dans le métier quand j’ai eu la chance de lire cet ouvrage généreux dans lequel Patricia Highsmith livre ses secrets, confie ses doutes, confesse ses erreurs. Ses suspenses psychologiques et ses polars – Monsieur Ripley, Ces gens qui frappent à la porte, L’empreinte du faux – sont certainement les livres qui ont le plus influencé mon travail. Et j’ai lu et relu L’art du suspense, qui m’a guidée, conseillée, rassurée. C’est un livre «ange gardien», le seul que je n’ai jamais prêté de peur qu’il ne me revienne pas…

 

L’écriture ou la vie (1994)
Éblouissant de noirceur! Aigu, lucide et pourtant étonnamment romantique… Fuyant la guerre d’Espagne, l’auteur, Jorge Semprun, a vécu en France, où il est entré dans la Résistance. Déporté à Buchenwald en 1943, il choisit «l’amnésie volon­taire» afin de survivre… L’écriture ou la vie relate l’indicible du camp de concentration et la façon dont cette plongée en enfer l’a transformé. Semprun, mort l’an dernier, a aussi signé les scénarios de plusieurs films. Avec ce roman, il nous donne un livre d’une dignité absolue.

Le Larousse de la cuisine (1990)
Pourquoi? Parce que tout y est! J’ai 500 livres de cuisine, mais je consulte régulièrement Le Larousse pour la clarté des explications, la variété des recettes (les classiques de la cuisine française au grand complet) et les nombreuses informations. Je l’offre aux grands enfants de mes copines qui emménagent en appartement, car je sais qu’ils seront attirés par le gratin dauphinois, la simplissime blanquette de veau, qu’ils potasseront l’ouvrage pour séduire l’élu(e) de leur coeur… ce que j’ai fait moi-même bien évidemment!

 

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