Club de lecture

Deux romancières en tête à tête

Chrystine Brouillet interviewe Donna Leon, l’une de ses auteures fétiches.

Je lis depuis 20 ans les enquêtes du commissaire Guido Brunetti, auquel je me suis attachée immédiatement, comme les millions de lecteurs que compte Donna Leon partout dans le monde. Partout, sauf en Italie, son pays d’adoption, où la dame refuse que ses romans soient édités afin de préserver son anonymat.

Née au New Jersey, cette passionnée d’opéra découvre l’Italie en 1965 et se fixe à Venise au début des années ’80. Elle enseigne la littérature anglaise un moment avant de se consacrer à l’écriture de romans noirs qui ont pour cadre cette ville unique au décor magique, victime de corruption comme toutes les grandes cités. Son héros, Brunetti, véritable Vénitien, raffiné, cultivé, heureux en ménage, père de deux enfants, enquête autant dans le Dorsoduro qu’à Santa Croce ou à San Polo (où il habite). Gourmand, il s’arrête pour boire un verre de prosecco ou s’attabler à un de ses restos préférés.

Getty Images (Grant Faint)

Getty Images (Grant Faint)

Comment est né le commissaire Brunetti ?

– Pour mon premier roman, j’ai voulu créer, comme protagoniste, un homme dont j’apprécierais la compagnie. Il est intelligent, raisonnablement heureux, marié. Il lit ce que je lis et éprouve les mêmes impressions que moi en société. Je ne sais pas si je continuerai longtemps avec lui, mais je suis heureuse d’écrire sur un être décent, civilisé.

Quels sont vos premiers souvenirs de Venise ?

– Avant d’y habiter, j’y étais allée plusieurs fois parce que j’avais des amis là-bas. Puis j’ai eu la chance de me faire embaucher comme professeure de littérature anglaise. Ce travail m’a permis d’intégrer une routine dans ma vie. Et aussi d’avoir du temps pour arpenter la ville et écrire à son sujet.

Quel est l’endroit le plus enchanteur de Venise, selon vous ?

– Cela change selon les saisons, le moment du jour, les gens qui vous accompagnent… Le pont du Rialto est insupportable à 11 h le matin parce qu’il est envahi par la foule mais, à 11 h du soir, c’est magique.

Et votre endroit gourmand par excellence ?

– Le marché du Rialto. J’y vais le plus souvent possible. Je trouve de tout, selon la saison : fruits, poissons, légumes. Et il y a plusieurs excellentes fromageries autour.

La littérature est importante dans vos romans. Mais, depuis quelques années, la musique semble y tenir un plus grand rôle. Travaillez-vous en écoutant Vivaldi ou Steffani ?

– Je ne peux écouter de musique en écrivant. Est-ce que quelqu’un lirait un livre durant un récital à l’opéra ? C’est l’un ou l’autre, du moins pour moi.

Votre style semble plus européen qu’américain ; le fait de vivre à Venise a-t-il modifié votre façon d’écrire ?

– J’ai passé des dizaines d’années à étudier les romans de plusieurs auteurs, dont Jane Austen. Je suppose que mon style provient de l’attention avec laquelle j’ai lu tous ces grands écrivains.

 

Ce reportage a pu être effectué grâce à la collaboration d’AIR TRANSAT qui offre des vols directs vers Venise tous les vendredis de mai à octobre.

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