Premières phrases « C’est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l’endroit même où je suis tombé. » L’histoire Et sur cette plage, Romain Gary rêve. De son enfance auprès d’une mère qui l’a élevé seule, l’aimant de façon démesurée, lui promettant des destins fabuleux. « Tu seras un héros », disait-elle à son fils de huit ans perplexe. À 44 ans, consul général de France à Los Angeles, Romain se souvient et, dans ce récit autobiographique, rend un hommage ému et nostalgique à sa mère, reconnaissant qu’il lui doit tout même s’« il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt ». L’auteur Né en 1914 en Russie. A écrit plus d’une vingtaine de romans. A reçu deux fois le Goncourt, dont le deuxième sous le pseudonyme d’Émile Ajar. A été marié à l’actrice américaine Jean Seberg (À bout de souffle, de Jean-Luc Godard). S’est suicidé le 2 décembre 1980 à Paris. Pourquoi le lire Parce que c’est un livre magnifique. Inoubliable. Absolu. « Le » roman de l’amour maternel, sentiment à double tranchant sous la plume unique de Gary, qui va droit à l’âme.
Première phrase « J’ai 20 ans et je ne peux pas me voir en peinture. » L’histoire La sienne. Celle d’une jeune New-Yorkaise enrobée, névrosée et franche, qui parle de sa « fouffe » (la traduction made in France peut agacer) comme de son dernier gloss. Avec des titres de chapitres tels que « Je t’offre ma virginité (si, si, j’insiste, sers-toi !) » et « Cette fois où j’ai failli être lesbienne avant de dégobiller », il faut s’attendre à tout. À rire, bien sûr, mais à réfléchir aussi. L’auteure Née en 1986, Lena Dunham a fait sensation en 2012 avec Girls, une télésérie qu’elle écrit, réalise, produit et où, dans le rôle principal, elle n’hésite pas à jouer nue. Pourquoi le lire Pour mieux comprendre le phénomène Lena, prendre le pouls d’une époque, la nôtre. Et, qu’on ait l’âge de l’auteure ou celui de sa mère, pour passer un bon moment en bonne compagnie.
Première phrase « L’horreur, c’était l’attente – l’inconnu, les insomnies, les ulcères. » L’histoire Samantha, jeune avocate new-yorkaise, a vécu cette attente avant d’être mise à pied comme tant d’autres lors de la crise économique de 2008. Elle se retrouve à travailler bénévolement dans un cabinet d’aide juridique du fin fond de la Virginie. Avant, ses clients étaient des milliardaires. Désormais, ce sont des femmes battues, des familles qui vivotent dans des maisons mobiles, des travailleurs de mines de charbon malades du « poumon noir ». L’auteur John Grisham est entré dans le cercle restreint des écrivains les plus lus au monde en 1990 avec La firme (porté au grand écran et mettant en vedette Tom Cruise). Très prolifique avec en moyenne un livre par année. Celui-ci est un bon cru. Pourquoi le lire Parce que lire Grisham, c’est comme ouvrir un sac de chips : quand on commence, on ne peut plus s’arrêter. Et parce que cette histoire d’avocate délocalisée est aussi une critique virulente et très actuelle des compagnies minières.
Première phrase « D’accord : je suis pensionnaire d’une maison de santé. » L’histoire Il s’appelle Oscar Matzerath ; il a demandé à son infirmier 500 feuilles de papier vierge et se met à écrire sur son destin hors du commun... en commençant par les jupes de sa grand-mère. Il expliquera ensuite pourquoi il a arrêté de grandir à l’âge de trois ans, et pourquoi son tambour parle à sa place... L’auteur L’Allemand Günter Grass, Prix Nobel de littérature en 1999. Sa mort, en avril dernier, a remis à l’avant-plan son premier livre, transposé au cinéma en 1979. Pourquoi le lire Il mérite le petit effort d’adaptation du début. Car ensuite, l’inventivité et la puissance de ce roman baroque tiennent en haleine pendant 626 pages.
Première phrase « Je l’ai vu tout de suite. » L’histoire Ce que Laura a vu ? Un cancer chez une femme de son âge, début quarantaine. Technicienne d’imagerie médicale, Laura vit dans un patelin du Maine. Ses deux enfants sont grands. Et entre elle et son mari, la routine a pris le dessus sur la passion… Quand Laura rencontre Richard, lui aussi prisonnier d’un mariage qui prend l’eau, commencent alors cinq jours inoubliables. L’auteur Américain francophile, Douglas Kennedy a écrit ce roman à la suite d’une séparation douloureuse, après 25 ans d’union. Pourquoi le lire Parce que l’auteur a réussi à se glisser dans la peau de la narratrice, Laura, une femme « normale » et pas un être d’exception comme c’est souvent le cas dans les romans.
Premières phrases « Gaiato, le 10 juillet 1946. Très chère Luisa, je suis au sanatorium depuis seulement deux jours. » L’histoire Sergio, un soldat italien engagé dans la Seconde Guerre mondiale, écrit des lettres à Luisa, sa fiancée. Entre deux missives du passé on revient au présent, celui de Manue, jeune Montréalaise célibataire qui cumule les relations sans avenir. En placardant la ville d’avis de recherche pour retrouver son poisson rouge, elle rencontre Fabio, un immigrant italien dont le grand-père est Sergio... L’auteure Mélissa Verreault est maman de triplées. Après avoir un temps vécu en Italie, elle habite maintenant à Lévis et partage son temps entre l’écriture et ses trois fillettes. Pourquoi le lire Parce que le Sergio du roman a réellement existé et que l’auteure a trouvé le moyen de créer un lien solide et original entre faits vécus (l’histoire de Sergio) et histoire fictive (celle de Manue). Une excellente lecture d’été.
Premières phrases « Elle a 34 ans. Elle n’a jamais été belle. » L’histoire Elle, c’est Jeanne Mance, grâce à qui Monique Proulx déroule brillamment le fil conducteur reliant le Montréal d’aujourd’hui à ses origines : l’héritage de force mystique laissé par la pionnière, arrivée ici en 1642. Dans ce roman puissant, l’auteure présente une galerie de personnages d’une rare intensité : jeune hassidique en rupture avec les siens, itinérants ostracisés, animateurs d’émission culte, scénariste blasé... L’auteure Née à Québec, Monique Proulx est amoureuse de Montréal, où elle vit depuis plus de 30 ans et auquel elle a consacré un recueil de nouvelles, Les aurores montréales. Aussi scénariste, elle a remporté plusieurs prix, notamment pour Homme invisible à la fenêtre (1993). Pourquoi le lire Parce que c’est un grand roman. À lire, à relire, à méditer. Une réflexion profonde et sensible sur le vivre-ensemble, sans prêchi-prêcha. Un salut à une ville – Montréal – magnifiée.
Première phrase « Je m’appelle Clara et je veux qu’on entende dans mon prénom les éclats de cet été, tombés sur le sol gelé. » L’histoire Amies d’enfance, Clara et Chloé vivent chacune des moments douloureux : chagrin d’amour incurable pour l’une, séjour en clinique psychiatrique pour l’autre. Elles se réfugient à la campagne, près d’un lac, dans un chalet où, écolières, elles passaient leurs vacances. Un été léger où la nature est magicienne. Puis, c’est l’automne, le retour à la ville et à son agitation, le froid qui s’infiltre partout… L’auteure Mikella Nicol, une Montréalaise de 23 ans, est libraire tout en poursuivant un bac en littérature de langue française. Elle est la fille de l’écrivain Patrick Nicol. Pourquoi le lire Parce que ce premier roman d’une jeune écrivaine est remarquable. Un récit prenant porté par une langue d’une grande beauté.
Première phrase « Alex adore ça. » L’histoire Adore quoi ? Se transformer, essayer des perruques, devenir une autre. Jeune et très jolie Parisienne, elle attire le regard des hommes, dont un qu’elle croise ce jour-là. Alex l’a déjà vu, une fois, deux peut-être. Un hasard ? Non. Dans une rue tranquille, ce sombre personnage l’attaque, la kidnappe, l’emmène dans un hangar vide, l’enferme dans une cage et l’abandonne. Horreur : Alex se rend compte qu’elle a été livrée aux rats. Miracle : elle réussit à s’échapper. C’est alors que les choses se corsent... L’auteur Célébré pour le style cinématographique de ses romans policiers qui mettent souvent en scène le commissaire Verhoeven, Pierre Lemaitre est psychologue de formation. Il a remporté le Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut, drame historique dont l’action se passe après la Première Guerre mondiale. Pourquoi le lire Parce qu’il y a de fortes chances qu’Alex soit le meilleur thriller que vous lirez cette année. Le mieux écrit. Le plus troublant…
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE
Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.