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Livre du mois

La première chose qu'on regarde par Grégoire Delacourt

Une histoire rocambolesque mettant en vedette nulle autre que l’actrice américaine Scarlett Johansson !
Par Jean-Yves Girard
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Dans La liste de mes envies, coup de cœur littéraire l’automne dernier au Québec, une Madame Tout-le-monde gagnait un gros lot faramineux. Cette fois, dans La première chose qu’on regarde, l’auteur français Grégoire Delacourt revient avec une autre histoire rocambolesque mettant en vedette nulle autre que l’actrice américaine Scarlett Johansson !

L’amorce Un hameau pittoresque planté dans la France d’aujourd’hui. Arthur, 20 ans, plutôt joli (style Ryan Gosling, « mais en mieux », selon la serveuse du café), travaille comme garagiste. Un soir, alors qu’il s’ennuie devant la télé, on frappe à la porte. Il ouvre. Sur le seuil : Scarlett

Johansson. Il croit rêver, c’est une hallucination, il dort debout. Mais non, c’est bien elle. « Je veux disparaître quelques jours », roucoule la star. Mais pourquoi ici ? « Parce que c’est un trou dou cou. » Il sourit. « Tu connais “trou du cul” ? « Oui. C’est même là où on disparaît le mieux. »

Les thèmesLa célébrité. Les apparences trompeuses. La beauté, qui peut être une bénédiction et un malheur... Le pouvoir des chansons (comme Vole, de Céline Dion !).

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Points fortsL’intrigue (est-ce bien la Scarlett ? ré-ponse à la page 71…). Le style – déjà apprécié dans La liste de mes envies – accrocheur mais pas trop, truffé de références culturelles. L’affection contagieuse de l’auteur pour ses personnages. publié chez JC Lattès. 250 pages. par Jean-Yves girard

L'auteur : Grégoire Delacourt Son passage remarqué l’automne dernier à Tout le monde en parle, où il a fait les yeux doux à Marie-Chantal Perron, a propulsé La liste de mes envies en tête des ventes. Un succès international, traduit en 20 langues, transposé au théâtre et bientôt au cinéma. Écrire est son passe-temps ; son vrai métier, c’est publicitaire.

Le moteur de ce roman ? Je voulais écrire une histoire sur la naissance de l’amour. La confusion du désir.

D’où vous est venue l’idée ? À 12 ans, j’étais amoureux de Caroline de Monaco (elle en avait 15). J’imaginais ce qui se passerait si elle entrait dans ma chambre. Trente ans plus tard, j’ai entrebâillé la porte.

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Pourquoi Scarlett Johansson et pas Charlize Theron ? Parce qu’elle est très « iconique » ; un véritable sex-symbol de notre époque, apprécié des hommes et des femmes ; un mythe, comme Marilyn Monroe et Brigitte Bardot. (Mais j'adore aussi Charlize Theron, vous pouvez lui donner mes coordonnées.)

Vous-même êtes devenu une vedette. Ça vous plaît ? La notoriété d’un romancier est très agréable : on ne me court pas après dans la rue et on ne m’a demandé qu’une seule fois en mariage (au dernier Salon du livre de Montréal !).

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Extrait : 

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Arthur Dreyfuss aimait les gros seins.

Il s'était d'ailleurs demandé, si d'aventure il avait été une fille, et parce que sa mère les avait eus légers, sa grand-mère lourds, ou du moins dans le souvenir des étreintes asphyxiantes, s'il les aurait eu gros ou petits.

Il trouvait qu'une poitrine conséquente obligeait à une démarche plus cambrée, plus féminine, et c'est la grâce des silhouettes en délicat équilibre qui l'enchantait ; le bouleversait parfois. Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nus, Jessica Rabbit dans Qui veut la peau de Roger Rabbit. Et tant d'autres. Ces images le rendaient béat et rougissant. La poitrine impressionnait, appelait soudain au silence, forçait le respect. Il n'était alors pas d'homme sur cette terre qui ne redevenait petit garçon.

Ils pouvaient tous mourir pour ça.

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De tels avantages, Arthur Dreyfuss, qui n'en avait encore eu à proprement parler sous la main, en avait contemplé moult versions dans quelques vieux magazines usés de L'Homme moderne dénichés chez PP. Sur Internet aussi.

Pour les vrais, il y avait eu ceux de madame Rigautmalolepszy, qu'il apercevait lorsqu'ils débordaient de ses chemisiers au printemps : deux flamboyantes pastèques, si claires toutefois qu'y affleuraient des ruisseaux vert pâle, enfiévrés, palpitants ; tumultueux soudain lorsqu'elle accélérait le pas pour attraper l'autobus qui s'arrêtait deux fois par jour Grande Rue (une petite rue où le 1er septembre 1944 tomba un Écossais, un certain Haywood, pour la libération de la commune), ou que son ignoble roquet roux l'entraînait, excité, vers une quelconque déjection.

En classe de troisième, la sympathie du jeune Arthur Dreyfuss pour ces fruits de chair lui fit choisir la proximité d'une certaine Nadège Lepetit qui, bien qu'assez ingrate, avait l'avantage d'un copieux 85C sur une ravissante Joëlle Ringuet porteuse d'un 80A de limande. Ce fut un mauvais choix. L'ingrate protégeait jalousement ses demi-melons et interdisait aux gourmands de les approcher : âgée de treize ans, la maraîchère gironde, consciente de ses atours, voulait être convaincue d'être aimée pour elle-même, et l'Arthur Dreyfuss du même âge ne s'y entendait alors pas vraiment en mots courtois, rimeurs et trompeurs. Il n'avait pas lu Rimbaud ni vraiment retenu les paroles au miel des chansons de Cabrel, ou celles, plus ancienne d'un certain C. Jérôme (exemple : Non, ne m'abandonne pas/Non, non, mais donne-toi).

Lorsqu'il apprit qu'Alain Roger, son ami d'alors, eu les modestes drupes de la ravissante Joëlle Ringuet au bout des doigts, puis au bord des lèvres, puis tout à fait dans la bouche, il crut devenir fou et se demanda s'il ne fallait pas réviser ses positions mammaires. À la baisse.

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