Il a été informaticien, ouvrier sur des chantiers, architecte, avant de devenir l’auteur français le plus lu dans le monde : son premier roman, Et si c’était vrai…, paru en 2000, a été vendu à six millions d’exemplaires et transposé au cinéma.
Clair de femme (1977)Je l’ai lu dans ma trentaine, une époque difficile : j’avais perdu ma société d’informatique et je travaillais sur des chantiers. Ce livre de Romain Gary m’a réconcilié avec la vie, à cause de l’humanité des personnages, de la beauté de l’histoire d’amour racontée. C’est le voyage d’un homme pendant la nuit où sa femme est en train de mourir, alors qu’elle lui a donné l’ordre de continuer à vivre et à aimer. Je l’ai relu chaque fois que j’avais un coup de cafard. J’ai vu le film mais n’en garde pas un souvenir merveilleux.
La nuit des temps (1968)Le premier roman qui a suscité chez moi l’envie d’écrire. J’avais 14 ans. Au lycée, nous avions souvent des lectures rébarbatives au programme, mais notre formidable professeure de français nous avait assigné cette histoire de découverte d’une civilisation ancienne dans l’Antarctique. Un récit humaniste classé à tort dans la science-fiction, signé René Barjavel. Un roman du 20e siècle dans la tradition romanesque du 19e. J’ai été émerveillé par la fluidité du style, la capacité créative et le fait d’être transporté dans un autre monde.
1984 (1948)Quand je l’ai lu, à 25 ans, j’étais loin de croire qu’un jour je deviendrais auteur. 1984 m’a marqué et éveillé aux dérives du pouvoir, au totalitarisme, aux dangers d’une surabondance de réglementation. Ce que racontait George Orwell, c’est que l’ego des élus mène parfois à la création de lois et de gouvernances qui sont autant d’atteintes à la démocratie, quand les populations deviennent victimes des administrations qu’elles mettent au pouvoir. Livre important, il fait comprendre aux jeunes qu’il ne faut pas tenir la démocratie pour acquise.
Antoine Audouard a écrit un texte exemplaire sur les dérives du populisme, sur la notion de différence. Quand on s’intéresse à la différence de l’autre, on arrête de la craindre. L’histoire ? Celle d’un Arabe recueilli par un villageois qui lui donne un boulot. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’une jeune fille affirme avoir été violentée. La communauté va immédiatement stigmatiser cet Arabe. On voit dans ce roman le détestable et le magnifique de l’humanité. Cet auteur a écrit plusieurs livres et il écrit bien mieux que moi. De lui, il faut lire aussi Un pont d’oiseaux.
1Q84 (2011)C’est par ce livre que j’ai découvert le romancier magnifique qu’est Haruki Murakami. Quand vous lisez de la littérature étrangère, vous êtes au mieux témoin de la culture de l’auteur, mais le roman vous donne rarement la sensation de lui appartenir. Et quand j’ai lu 1Q84, j’ai eu l’impression de devenir japonais. L’écriture est admirable. J’ai été marqué et bouleversé. Quelle satisfaction pour un auteur d’avoir produit une véritable œuvre ! Il m’arrive souvent d’y repenser. Les personnages restent présents en vous comme des gens que vous avez connus.
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