Son credo : Jamais sans mon livre ! La comédienne se nourrit de lectures et n’en craint pas l’indigestion. On l’écouterait des heures durant parler des auteurs qu’elle aime avec une passion dévorante.
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L’écume des jours (1947)
Ce livre a été la porte d’entrée vers l’univers des mots. Auxquels on pouvait faire dire plus que leur signification utilitaire. L’ouverture sur les possibilités de l’écriture comme jeu. Boris Vian m’a charmée par sa désinvolture, sa liberté, son effronterie. J’ai été hantée par le nénuphar qui pousse dans les poumons de Chloé, la petite souris qui se suicide dans la gueule du chat, les planchers spongieux dont la configuration change sous l’effet du jazz… Je découvrais qu’on pouvait écrire comme ça : un pied dans le réel et l’autre dans le rêve.
Une mirobolante lecture de vulgarisation scientifique. Hubert Reeves donne de l’intelligence au lecteur, peu importe son niveau de culture scientifique, en simplifiant les notions sans sacrifier l’essentiel. L’astrophysicien québécois est ici un détective qui mène une enquête pour découvrir comment l’Univers s’est déployé. Le gâteau aux raisins comme métaphore du big bang et de l’Univers en expansion vous reste dans la tête. On ferme le livre en songeant à la grâce d’être vivant et de s’inscrire dans l’histoire du grand tout.
Le vieil homme et la mer (1952)
Avec une intrigue dégraissée au maximum et avec pour seul décor – ou presque – une barque à la mer, on accompagne le vieux Santiago qui va au bout de ses forces pour attraper un poisson. Unité de lieu, de temps, d’action. On voit bien qu’il perdra contre les requins, que c’est fatal. Ernest Hemingway, maître de la litote, raconte cette histoire avec des détails concrets, sans utiliser de grands mots, et pourtant les larmes vous montent aux yeux. Je m’étonnais qu’on puisse faire ressentir autant avec si peu de mots.
Acheté par hasard, ce livre a changé ma vie. J’ai dévoré ensuite en une semaine tout ce qu’avait écrit Dany Laferrière. Deux mois plus tard, je suis allée en pèlerinage à Petit-Goâve, en Haïti, lieu d’enfance de l’auteur. J’aime sa pudeur, sa délicatesse, sa lucidité redoutable et son sens de l’observation. Il a une façon « cubiste » de capter les choses sous tous les angles et d’apercevoir ce qui échappe à la plupart des gens. Il vous donne de l’énergie pour rêver et réfléchir. Un sociologue et un poète réunis en une même personne.
J’avais lu ses romans jeunesse. L’oreille absolue est écrit par l’homme que j’ai épousé – c’est donc ça qu’il faisait dans son bureau, porte close ! Mathieu Boutin dépeint ici l’existence de musiciens classiques qui essaient de vivre de leur métier. Il a lui-même joué du violon pour payer ses études. Il m’a séduite en interprétant une partita de Bach, en boxer, dans la cuisine… C’est plein d’humour et de candeur, de musique et de mots. Tout ce que j’aime… C’est un délice de découvrir sous un angle nouveau un être qu’on croit connaître.