Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul?
L’auteur : Pierre Szalowski (53 ans)
L’histoire : Une vedette de hockey égoïste et vieillissante revient à Montréal, le soir d’un réveillon, et est accueillie par… zéro fan des Canadiens. Il est vrai que ces derniers se souviennent trop bien de ses frasques nocturnes, qui ont poussé l’équipe à s’en débarrasser quelques années auparavant. Ainsi, seul dans un grand hôtel du centre-ville, la veille de Noël, l’ancienne star aura l’occasion de faire quelques rencontres signifiantes, dont une avec un petit garçon. Étrangement, elles le mèneront jusqu’à la rédemption (ou presque).
L’univers : C’est un grand voyage intérieur. Un conte à la fois drôle et touchant. Une mise en situation dans laquelle le plus grand des sans-cœur réalise qu’il est toujours possible de rattraper ses erreurs passées. Un roman à mille et un rebondissements, qui vous prend gentiment par la main et vous poinçonne le cœur.
La voix : Légère comme un flocon et candide comme un enfant. Le regard bienveillant de Pierre Szalowski sur la vie est le résultat direct de son parcours aussi étonnant que passionnant. Originaire de France, il a été tour à tour photographe, journaliste, graphiste, directeur artistique, publicitaire, concepteur de logiciels éducatifs, vice-président d’Ubisoft, scénariste (Ma fille, mon ange) et… romancier.
Les premières phrases : « Avant de descendre du taxi, le client a signé au verso de cinq reçus qu’il a vite rendus au chauffeur. Puis il a serré la main de cet Haïtien jovial qui ne cessait de le fixer pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.
- J’ai déjà eu David Copperfield. Mais là, wow, bingo!
Pour mettre un terme à cet interminable élan d’amitié, l’homme a ouvert la portière d’un coup d’épaule, faisant entrer dans l’habitacle un vent glacial et une volée de flocons. Il est sorti du taxi sans saluer le chauffeur qui lui faisait un dernier signe de la main. Tout en essuyant de son gant cette neige qui s’incrustait dans le cachemire noir de son manteau, il a regardé, en maugréant, le trottoir blanc. Des passants, le col de manteau fermé jusqu’au menton, les bras chargés de sacs, longeaient les vitrines des magasins qui éclairaient la nuit de leurs guirlandes multicolores.
Un jeune enfant s’est arrêté et a écarquillé les yeux comme eux seuls savent le faire à l’instant où ils sont convaincus d’avoir vu le père Noël, en personne, sortir d’un taxi et entrer dans un hôtel. Sans demander, il lâché la main de son père pour hurler :
- Go, Habs, go!
Feignant de ne rien avoir entendu, l’homme a gravi quatre à quatre les marches menant à la porte d’entrée du prestigieux établissement.
- Pis, j’espère que tu vas compter beaucoup de buts!
En cette veille de Noël, Martin Gagnon, joueur de centre de la Ligue nationale de hockey, venait d’être échangé au Canadien de Montréal, en retour de considérations futures. »
La raison de le lire : Parce que Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul? est la variante montréalaise du Grincheux qui voulait gâcher Noël. Un livre sur la fibre paternelle et la quête du bonheur.
En trois mots : Un vrai cadeau.
Éditeur : Éditions Hurtubise – 320 pages.
Contes de Noël
L’auteure : Anne Perry (74 ans)
L’histoire : Quatre contes de Noël revus et corrigés par la reine du polar victorien : La Disparue de Noël, Le Voyageur de Noël, Le Détective de Noël et Le Secret de Noël. Dernière de couverture : « Dans les provinces anglaises, mystères et crimes sulfureux font fi de la trêve de Noël. Pour les héros d’Anne Perry, croisés au fil des enquêtes de Thomas Pitt ou de William Monk, les vœux de fin d’année tournent vite au cauchemar : les réunions familiales laissent place aux règlements de compte, la neige cache l’empreinte des assassins, et les secrets de longue date sont déposés au pied du sapin... »
L’univers : « L’idée de mon premier petit crime de Noël, La Disparue de Noël, m’est venue d’un ami qui me parlait des pèlerinages que l’on effectuait au Moyen Âge dans le but d’expier ses péchés. En ces temps-là, entreprendre un voyage pouvait être fort dangereux, mais si vous alliez au bout et en reveniez, plus jamais les offenses que vous aviez commises ne seraient mentionnées. Il m’a semblé que c’était là un message parfait pour Noël », écrit Anne Perry dans la préface de son livre.
La voix : Directe, efficace et sombre. À l’image de son œuvre, où les histoires se déroulent dans l’Angleterre de la deuxième demie du 19e siècle.
Les premières phrases : « Hésitante, Lady Vespasia Cumming-Gould resta un instant au sommet des marches. Applecross, dans le Berkshire, était une de ses splendides résidences de campagne, où l’on empruntait un majestueux escalier de marbre pour gagner le vaste salon, dans lequel les convives patientaient avant qu’on annonce le dîner.
Certains levèrent les yeux vers elle, mais il aurait été prétentieux de sa part d’attendre que tout le monde la regarde. Vespasia était vêtue d’une robe de satin nacré, une teinte que tout le monde ne pouvait se permettre de porter, mais le prince Albert en personne disait qu’elle était la plus belle femme d’Europe. Un tel compliment ne lui avait sans doute pas attiré la sympathie de la reine.
Quoi qu’il en soit, il ne s’agissait pas là d’un bal royal, mais d’une simple réception au début du mois de décembre. La saison londonienne avec son tourbillon de mondanités était terminée, et ceux qui possédaient une demeure à la campagne y étaient retournés attendre Noël. À part les rumeurs qui circulaient sur une guerre possible en Crimée, on ne connaissait en ce milieu de siècle qu’un progrès sans cesse plus dynamique et la prospérité au sein d’un empire qui s’étendait sur toute la planète.
Omegus Jones vint accueillir son invitée au pied de l’escalier. C’était un hôte parfait, certes, mais surtout un ami de longue date, même si à cinquante ans passés, il était son aîné de plus de vingt ans. Ils s’étaient connus par le mari de Vespasia, lui aussi plus âgé qu’elle. Elle avait laissé ses enfants à Londres, entre de bonnes mains. »
La raison de le lire : Pour les paysages sauvages et les charmes de la campagne anglaise. Et parce qu’il n’y a pas de trêve de Noël pour les criminels. Ce qui est somme toute génial pour le bonheur des amateurs de polars.
En deux mots : Joyeux Noël.
Éditeur : 10/18 – 514 pages.
Le Noël de Monsieur Scrooge
L’auteur : Charles Dickens (1812-1870)
L’histoire : Monsieur Scrooge est un vieux malcommode qui déteste Noël. Pas étonnant, donc, qu’il préfère passer cette grande soirée festive en solo. Mais qu’à cela ne tienne! Des drôles de fantômes de Noël vont s’inviter à son réveillon, et à force de tourbillonner autour de sa cheminée, ils vont étourdir le vieux grincheux au point d’en faire un partisan du bonheur et de l’optimisme.
L’univers : « Dans ce petit livre plein de fantômes, j’ai tenté de faire apparaître le fantôme d’une idée qui, je le promets, ne fâchera mes lecteurs ni avec eux-mêmes, ni avec les autres, ni avec la raison, ni avec moi. Qu’il hante agréablement leur demeure, et que personne ne souhaite jamais le chasser. »
Charles Dickens, décembre 1843.
La voix : Toujours très enjoué, Charles Dickens est l’un des meilleurs conteurs de tous les temps (Oliver Twist, c’est lui, notamment). Mais il est surtout un écrivain engagé. La preuve : son œuvre dénonce sans cesse la misère et l’exploitation des petites gens.
Les premières phrases : « Premier couplet (de cinq) : Le spectre de Marley.
Marley était mort, pour commencer. Là-dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était signé par le ministre, le clerc, l’entrepreneur des pompes funèbres et celui qui avait mené le deuil. Scrooge l’avait signé, et le nom de Scrooge était bon à la Bourse, quel que fût le papier sur lequel il lui plût d’apposer sa signature.
Le vieux Marley était aussi mort qu’un clou de porte.
Attention! Je ne veux pas dire que je sache par moi-même ce qu’il y a de particulièrement mort dans un clou de porte. J’aurais pu, quant à moi, me sentir porté plutôt à regarder un clou de cercueil comme le morceau de fer le plus mort qui soit dans le commerce; mais la sagesse de nos ancêtres éclate dans les similitudes, et mes mains profanes n’iront pas toucher l’arche sainte; autrement le pays est perdu. Vous me permettrez donc de répéter avec énergie que Marley était aussi mort qu’un clou de porte.
Scrooge savait-il qu’il fût mort? Sans contredit. Comment aurait-il pu en être autrement? Scrooge et lui étaient associés depuis je ne sais combien d’années. Scrooge était son seul exécuteur testamentaire, le seul administrateur de son bien, son seul ayant cause, son seul légataire universel, son unique ami, le seul qui eût suivi son convoi.
La raison de le lire : Parce que, même plus de 140 ans après la mort de Dickens, le regard qu’il porte sur la condition humaine est plus que jamais d’actualité.
En un mot : Réjouissant.
Éditeur : Omnibus – 114 pages.
Le Petit Nicolas, c’est Noël
Les auteurs : Sempé (80 ans) / Goscinny (1926-1977)
Les histoires : Quinze aventures du célèbre Petit Nicolas (faut-il vraiment encore le présenter?), dont deux consacrées à la fête de Noël, et dans lesquelles on retrouve le regard enfantin que porte ce petit personnage sur la vie et sur ces grandes personnes qui sont vraiment très étranges.
L’univers : Écrit pour les petits, Le Petit Nicolas régale aussi les plus grands avec ses drôles de tournures de phrases rigolotes et les dessins de l’une des légendes vivantes de la bande dessinée : (Jean-Jacques) Sempé.
La voix : René Goscinny, le scénariste du Petit Nicolas, est aussi le papa d’Astérix, d’Iznogoud et de bon nombre de Lucky Luke. Ce qui veut dire que l’humour, la légèreté et la bêtise sont toujours au rendez-vous.
Les premières phrases : « Comme chaque année depuis que je sais écrire, et ça fait un drôle de tas d’années, j’ai dit à papa et à maman que j’allais vous envoyer une lettre pour vous demander des cadeaux pour Noël.
Là où j’ai été embêté, c’est quand papa m’a pris contre ses genoux et qu’il m’a expliqué que vous n’étiez pas très riche cette année, surtout après le coup auquel vous ne vous attendiez pas : l’argent que vous avez dû payer pour arranger votre traîneau, quand l’autre imbécile est venu de droite avec son traîneau à lui, mais même s’il y avait des témoins, ce n’est pas vrai ce qu’a dit la compagnie d’assurances, et vous étiez déjà engagé. La même chose est arrivée à mon papa avec son auto la semaine dernière, et papa n’a pas été content du tout.
Et puis, papa m’a dit que je devais être généreux et chouette, et qu’au lieu de demander des cadeaux pour moi, je devrais vous demander des cadeaux pour tous ceux que j’aime bien et pour mes copains. Moi, j’ai dit que tant pis, d’accord, alors maman m’a embrassé, elle m’a dit que j’étais son grand garçon à elle et qu’elle était sûre que malgré le coup du traîneau, il vous restait peut-être assez de sous pour ne pas m’oublier tout à fait. Elle est un peu chouette, ma maman. »
La raison de le lire : Parce que le Petit Nicolas est un boute-en-train. Pour les dessins humoristiques de Sempé. Pour la manière de raconter des histoires cocasses de Goscinny.
En un mot : Adorable.
Éditeur : Folio-Junior – 136 pages.
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