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Quatre livres sur les relations mères-filles

Comprendre ce lien précieux, mais souvent douloureux.

« Les hommes ne le savent peut-être pas, mais ce dont la plupart des femmes préfèrent parler entre elles, ce n’est pas d’eux; c’est de leur mère. » (extrait de Mères-filles, une relation à trois, de Caroline Eliacheff et Nathalie Heinich)

2003 Eliacheff meres filles une relation a trois Le titre : Mères-filles, une relation à trois

Les auteures : Caroline Eliacheff et Nathalie Heinich

L’histoire : À partir de cas empruntés à la fiction, Caroline Eliacheff, psychanalyste et pédopsychiatre, et Nathalie Heinich, sociologue et spécialiste de l’art contemporain, reconstituent l’éventail de toutes les relations mères-filles possibles. Au fil des pages, elles démontrent, de génération en génération, comment s’opèrent la transmission des rôles et la construction des identités.

L’univers : En empruntant à la fiction, les auteures nous font revivre de grands moments de cinéma et de littérature. Parce que rien ne ressemble plus à la réalité que la fiction.

La voix : Ludique. Le livre se lit facilement, malgré la charge émotive que contiennent ces différents portraits de femmes et de mères (mères supérieures, inférieures, jalouses, défaillantes, maquerelles, et cetera.).

Extrait : « Toute femme accédant au statut de mère se trouve confrontée à deux modèles d’accomplissement, correspondant à des aspirations le plus souvent contradictoires : soit mère, soit femme; soit maillon d’une lignée familiale, soit individu doté d’une personnalité spécifique; soit dépendante, soit autonome; soit respectable, soit désirée; soit dévouée aux autres, soit vouée au “constant programme de ses perfections personnelles”, comme dirait la duchesse de Langeais (titre d’un roman de Balzac); ou même, soit procréatrice, soit créatrice. Certes, ces deux modèles peuvent coexister chez une même personne, une même identité, un même corps : choisit-on vraiment d’être toute mère, ou toute femme?[adspot] Il arrive aussi que, sur l’éventail des positions entre ces deux pôles, certaines tiennent une position médiane ou — mieux— parviennent à moduler leur position selon les âges de la vie. Mais beaucoup se retrouvent, qu’elles le veuillent ou non, plutôt — voire très nettement — d’un côté ou d’un autre : plus mères que femmes, ou plus femmes que mères. Commençons par les premières… »

La raison de le lire : Pour sa formule originale. Pour sa capacité d’éclairer sans juger.

En un mot : Essai-fiction.

Éditeur : Le Livre de Poche – 412 pages.

 

filledesamere-250CONTOURLe titre : La fille de sa mère, de la difficulté des rapports mère-fille

L’auteure : Véronique Moraldi

L’histoire : Qu’est-ce qu’une mère? Et qu’est-ce qu’une bonne mère? L’image de la mère évolue au cours des années, de la petite enfance à l’âge adulte. Mais qu’est-ce qu’on attend traditionnellement d’une mère? L’auteure s’attaque ici au nœud de l’affaire. « Une mère et une fille doivent à la fois s’aimer et se distinguer. » Tout est donc une question d’identité.

L’univers : La relation mère-fille est une histoire d’amour si intense et si passionnelle qu’elle peut devenir le lieu de bien des abus et des souffrances. Ce livre analyse ce puissant amour et ses nombreuses dérives. Il donne aussi des conseils très concrets. Des outils pratiques pour favoriser des relations plus harmonieuses, peu importe les défis à surmonter.

La voix : « Les mères transmettent parfois plus de contraintes que de liberté », écrit Véronique Moraldi (p. 63). « Inutile de se faire des illusions. Une fille se construit toujours contre ou par rapport à sa mère. Toujours en fonction de sa mère, et jamais en dehors d’elle », ajoute-t-elle (p.64). « Il y a, chez la mère et la fille, une crainte réciproque de l’abandon. C’est ce qui rend leurs rapports si difficiles, voire étouffants » (p.89).

Extrait : « Tout vient du ventre. On dit qu’on écrit avec ses tripes, et sur ce sujet, justement, dans les tripes, il y a tout! C’est bien là que tout se passe! Pas facile de faire la lumière dans ce bric-à-brac de la relation mère-fille. Je ne sais trop par quoi il faut se laisser guider. Il faut prendre le risque, effectivement, de se laisser guider par ses entrailles… On va voir si le guide est bon. En tout cas, jetons-nous à l’eau. Ce livre est destiné aux mères et aux filles, même s’il semble que les filles souffrent davantage que les mères. Il est aussi pour les maris, les compagnons, les pères, les fils et les frères qui assistent en spectateurs à cette pièce qui se joue et se rejoue à vie entre mère et fille (tout en étant également acteurs, ou en le devenant malgré eux. (…) Je vous invite à une exploration, celle de l’origine de la vie. Je vous préviens : c’est à une sacrée traversée que je vous convie, avec ses naufrages, ses tempêtes, ses accalmies et ses embellies; c’est la découverte d’un continent, d’une terra incognita, pourtant si familière. Embarquez si vous avez envie de savoir, ou tout au moins — restons modestes — de réfléchir à votre vie : votre relation avec votre mère et celle avec votre fille si vous en avez une… quitte à prendre le risque de la lucidité. »

La raison de le lire : Parce que Véronique Moraldi pratique la méthode E.S.P.E.R.E. de Jacques Salomé. Parce qu’elle est spécialisée dans les problèmes de harcèlement moral, l’étude des personnalités narcissiques et l’analyse des liens familiaux et de leurs conséquences sur les comportements des adultes. Parce qu’elle y décortique les différents types de mères et apporte des clefs pour voir sa mère comme une femme et non seulement une maman.

En deux mots : Sans jugement.

Éditeur : Les Éditions de l’Homme – 334 pages.

 

 

meres-liberez-vousLe titre : Mères : libérez vos filles

L’auteure : Marie Lion-Julin

L’histoire : Praticienne dans un centre de consultation médico-psychologique, l’auteure explore « l’étendue de l’empreinte maternelle et propose d’aider les femmes à mieux comprendre ce lien qui “conditionne” leur vie. Pour s’affranchir et trouver la liberté d’être soi ».

L’univers : L’éditrice Odile Jacob a l’habitude de publier des livres de qualité, et celui-ci ne manque pas à la règle. La première partie décrit ce qui se passe en général entre mères et filles, de la fusion initiale jusqu’à la séparation. Ensuite, elle aborde la relation lorsqu’elle devient pathologique. « Ce cheminement n’a qu’un seul objectif : comment allez mieux? », écrit l’auteure. C’est pourquoi la troisième partie est consacrée à la libération de la fille. En exposant les moyens de ne plus dépendre de sa relation maternelle.

La voix : Ce livre ne donne ni conseil ni recette, mais il invite à redécouvrir le mode de relation établie avec notre mère. Il s’adresse aux femmes qui s’interrogent sur certains de leurs comportements, qui veulent mieux se comprendre.

Extrait : « Les relations mères-filles sont la plupart du temps de forte intensité. Ces relations peuvent être sereines, mais sont parfois plus compliquées. Quelle que soit la relation que nous ayons eue avec notre mère, elle intervient dans la façon dont nous nous comportons. Si nous nous sentons épanouies, libres et sans contradictions, tout va bien. Mais si les choses sont plus compliquées, si nous sentons un certain mal-être, si nous nous sentons parfois en contradiction avec nous-mêmes, si nous vivons mal la relation avec notre mère, si nous avons des difficultés à vivre avec notre fille, c’est que notre relation à notre mère nous tient encore, nous empêche d’être en harmonie avec nous-mêmes. Cela doit nous conduire à réfléchir à la relation, à y chercher ses conséquences sur notre manière d’être. Et surtout nous amener à envisager la façon de nous y prendre pour nous libérer, ne plus en dépendre. Dans tous les cas, il est intéressant d’approcher cette relation complexe, subtile et riche de conséquences pour aller au-delà des évidences. »

La raison de le lire : Parce que ce livre est un voyage intérieur qui, au-delà de ses apparences austères, est passionnant et libérateur.

En un mot : Éclairant.

Éditrice : Odile Jacob – 258 pages.

 

 

9782226245670-mere,-fleau_gLe titre : Ma mère, ce fléau (sur le divan de Patrick Delaroche)

L’auteure : Catherine Siguret

L’histoire : D’un côté, douze adultes, femmes et hommes, racontent à Catherine Siguret leur enfance malmenée, dessinant le portrait de leur mère. De l’autre, le psychanalyste Patrick Delaroche décrypte le comportement de ces mères malades, indifférentes, outrancières, psychotiques ou simplement égoïstes.

L’univers : Libérateur. On y découvre que c’est grâce à la parole que, loin des carences maternelles, il est possible de se reconstruire et de renaître au monde.

La voix : Équilibrée. Les douze témoignages apportent une touche personnelle à l’ouvrage, alors que la contribution du psychanalyste, plus didactique, reste très accessible.

Trois extraits : Une mère narcissique : « Ma mère m’a laissé une empreinte. Je lui dois beaucoup : mon inquiétude, mon manque permanent de reconnaissance, du moins pendant la majeure partie de ma vie. Et pour cause : je suis née de mère inconnue. » Marie, 60 ans.

Une mère outrancière : « Comme ma mère me le disait gentiment pour mes vingt ans : “Tu es une erreur de vingt ans”, et c’était déjà vrai à trois mois, à trois ans, etc. : ma mère ne voulait pas d’enfant, je suis un accident. » Anne, 44 ans.

Une mère divisée : « Pour ma mère, j’ai été un outil, conçu pour arracher mon père à sa précédente épouse, et ma sœur, un désir, deux ans plus tard, le véritable enfant du couple. C’est du moins ainsi que j’analyse les choses, sachant que par la suite, ma sœur s’est montrée conforme à ce désir, jusqu’à sacrifier sa vie puisqu’elle n’a jamais quitté le toit familial (elle a donc 38 ans!), tandis que je demeure “bon à rien”, comme ma mère me l’avait toujours répété. J’ai entendu toute ma vie que toutes les qualités me faisaient défaut, intellectuelles, sportives, sociales. » Raphaël, 40 ans.

La raison de le lire : Pour faire face à des questions qui ne trouvent pas toujours de réponses. Comme « Pourquoi m’a-t-elle traité(e) ainsi? » et « Que lui ai-je donc fait? ».

En deux mots : Pour comprendre.

Éditeur : Albin Michel – 244 pages.

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