Ronde, et alors?

Adele, ou s’aimer quand on est ronde dans un monde de minces

Pourquoi notre chroniqueuse Joanie Pietracupa trouve qu’Adele est dans une classe à part.

Joanie-bandeau

Comme bien des femmes (et des hommes), j’aime la chanteuse Adele. Je l’aime parce qu’elle a une voix incroyable, qu’elle chante des ballades à la fois tristes et belles qui me rappellent d’anciennes histoires d’amour, qu’elle a un humour décalé typiquement british et qu’elle a de la répartie, une qualité que j’admire grandement chez les filles. Je l’aime aussi parce qu’elle est absolument magnifique et qu’elle a la prestance d’une reine. Rien de moins. Une chevelure blonde dorée gonflée à bloc, une peau de pêche, des yeux couleur ciel, une bouche charnue et des courbes à faire damner un saint. D’ailleurs, faut que je l’avoue: j’aime un peu la chanteuse Adele parce qu’elle est ronde.

Ça ne se dit pas vraiment, ce que je viens d’écrire. Je le sais. Surtout que je prêche pour la diversité corporelle sans jugement ni discrimination depuis la naissance de ce blogue. Surtout que je rêve du jour où l’on n’aura plus besoin de dire d’une femme qu’elle est belle MÊME SI elle est ronde, ou qu’elle est belle ET qu’elle est ronde, dans la même phrase. Ce que je suis en train de faire.

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Si j’en parle aujourd’hui, c’est que je pense réellement qu’Adele commence à changer la donne. Surtout depuis qu’elle est de retour dans nos fils d’actualités vu le lancement de son nouvel album, 25. Adele est belle, point. Et elle est ronde, aussi, point. C’est simple comme tout: c’est l’une des premières femmes taille plus à se hisser au rang de superstar à l’échelle planétaire. Mais elle ne s’en formalise pas. Elle ne s’en offusque pas, ne s’en attriste pas, ne s’en gêne pas, ne s’en défend pas. Elle répond aux questions des journalistes à ce sujet avec la nonchalance d’une personne qui jase de la pluie et du beau temps, sans trop d’émotion ni de volonté de choquer, de brasser ou de changer le monde à elle seule.

Photo: Jonathan Short, AP

Photo: Jonathan Short, AP

Dans une entrevue récemment publiée par le magazine Rolling Stone, elle a dit: «Des fois, je me demande si j’aurais eu autant de succès si je n’avais pas été ronde. Je crois que les gens s’identifient à moi. Je ne dis pas que tout le monde a la même silhouette que moi, mais je pense que je suis accessible parce que je suis imparfaite dans un monde où beaucoup d’artistes ont une image parfaite, inatteignable et intouchable.»

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«C’est vrai», me suis-je dit en lisant ses mots. Cette fille-là inspire plus que de la simple admiration ou de la jalousie, sentiments qu’on éprouve parfois en regardant des photos léchées de beautés comme Beyoncé ou Jennifer Lopez. Elle inspire le respect. Parce qu’elle reste elle-même, sans céder à la pression des normes «imposées» par la société, hier, aujourd’hui et certainement demain. Parce qu’elle est fière et sûre d’elle-même, en tout temps et partout, même entourée de célébrités à la plastique irréprochable. Parce qu’elle est une idole et même un mentor, sans chercher à l’être ou à le devenir, pour des tonnes de jeunes filles (ou de femmes épanouies), aux quatre coins du monde.

Comme bien des femmes (et des hommes), j’aime la chanteuse Adele. Je l’aime plus que tout parce qu’elle semble, elle aussi, dire: «Ronde, et alors?».

Suivez Joanie Pietracupa sur Twitter (@theJSpot) et Instagram (@joaniepietracupa).

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