Photo: ImaxTree
Au Québec, l’espadrille a la bougeotte et se lance dans tous les joggings. Elle a coiffé les baskets, tennis, runnings à la fin d’une épreuve de terminologie, si bien qu’elle s’est imposée pour désigner toute chaussure de sport. Ailleurs dans le monde, l’espadrille est davantage en mode farniente, synonyme de balades flemmardes au chant des cigales. Elle est reconnaissable entre toutes avec ses rubans enlacés autour de la cheville et sa semelle en tresses de chanvre enroulées.
À la fois robuste, légère et non genrée, elle est aussi ingénieuse – les authentiques fabriquées par des artisans ont les deux pieds identiques, donc interchangeables! L’espadrille a entamé sa longue marche il y a huit siècles dans les Pyrénées espagnoles, chaussant les fantassins, les paysans, les danseurs folkloriques... Salvador Dalí en raffolait. De nombreuses stars d’Hollywood ont exhibé les modèles basiques au grand écran à partir des années 1940. Mais l’espadrille allait entrer dans les ligues majeures de la mode en 1972 avec Yves Saint Laurent. Le couturier, qui en trimballait toujours lors de ses vacances à Marrakech, a eu l’idée de la métamorphoser en chaussure habillée à talon compensé.
De ses modestes débuts en toile rugueuse, l’espadrille est devenue objet de luxe, en cuir, en satin, ornée de paillettes, de cristaux... Aujourd’hui, elle s’inscrit à point dans la tendance seventies. Mais plus encore, elle incarne une valeur ancrée dans l’air du temps: la durabilité. Parce qu’on va l’user... jusqu’à la corde.
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