Noël 2017

Chantal Lamarre: ressortez la neige en spray!

Les sœurs Gert et Gayle Galipeau, interprétées par Chantal Lamarre et Sylvie Dumontier. Photo: Patrick Brunette

J’voudrais bien au moins essayer d’être un brin critique, lucide et pertinente au sujet des fêtes de fin d’année. J’voudrais bien partir ça fort en vous disant : « Revenez-en de Noël ! », mais je sais maintenant qu’on n’en revient jamais et que Noël nous rattrape tous.

Même les très smattes : « Vulgaire récupération consumériste d’une vieille fête chrétienne. » Les éclairés : « Noël, c’est pas pour tout le monde. » Les environnementalistes : « Tant de gaspillage ! » Les traumatisés : « J’veux rien savoir, on se reparle en janvier. »

Et même les gratteux, sous le couvert emprunté du « Tant de gaspillage ! »

C’est pas la place pour faire le coup du grincheux ou vous gâcher le bel esprit des fêtes, non, pas dans le Châtelaine, un magazine célébrant la vie et la cause des femmes, et qui, dans son dernier numéro de l’année, en profite pour faire rêver et nous inspirer d’un peu de beauté durant cette période effervescente.

Plus que rabat-joie, je serais bien malhonnête de faire ça. Passé l’irritation des décorations et des publicités trop hâtives, dès la première semaine de décembre, je ne résiste plus. Tout juste après la vaisselle, en début de soirée, ce sera « Le Noël de la marmotte », un rituel qui se reproduit. Je lancerai : « C’est l’heure du sapin ! » et toute la famille s’approchera pour contribuer à l’œuvre collective. Je passerai un commentaire du genre : « Ouch ! Les aiguilles tombent rien qu’à le regarder, c’est pas un Fraser ! » Mon cher illégitime époux se justifiera : « Tu sais combien ça coûte, un sapin Fraser ? Celui-là est vendu par des bénévoles et les profits iront à l’Hôpital de Montréal pour enfants. »

On ne peut rien contre la vertu, et c’est quand même le gars qui a acheté l’arbre, qui l’a installé dans le pied de sapin pesant une tonne et qui, finalement, a dégagé et transporté les caisses d’ornements et les guirlandes de lumières. « Ben voyons ! Pourquoi on a autant de boules en plastique ? » demandera mon ado. Affable et bienveillante, je répondrai : « Parce qu’il n’y a pas longtemps, tu accrochais huit boules par branche, et seulement dans les branches du bas, celles que Minou swigne sur le plancher. » « C’est ça, dis donc que chus con ! » lancera Fiston avant de reprendre sa tablette. Fifille restera plus longtemps et, en déballant de son papier de soie une étoile de David peinturée en bleu, elle hurlera : « My God ! C’est donc bien laid ! » En archiviste sensible, je l’informerai : « Ça vient de ton préscolaire » et, sentimentale, je lui ferai une démonstration de la petite danse de Hanoukka qu’elle avait apprise, à quatre ans. « Tu t’en souviens plus que moi », répliquera-t-elle en accrochant les bébelles récentes, les patentes à plumes et à paillettes, circa années 2000. Grande maintenant, c’est à peine sur la pointe des pieds qu’elle posera l’étoile sur la cime de l’arbre avant de s’éclipser à son tour.

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Je passerai alors aux choses sérieuses. Je plongerai dans le vaste inventaire et les vieilles boîtes de boules, celles ayant appartenu aux matantes disparues et celles avec des étiquettes de commerces qui n’existent plus.

Une soirée du début de décembre pour glisser sans retenue dans une mélancolie décongestionnante et salutaire. Avec une trame sonore de circonstance et une boîte de mouchoirs à portée de main, je me ferai un petit PowerPoint autobiographique dans ma tête.

Je suis à la direction artistique de l’ambiance de ma maison, gardienne de mémoire et architecte. Mon sapin, c’est pas un décor, c’est pas un sapin de revue clinquant avec un thème, divers matériaux et des couleurs assorties, c’est un sapin de vie, avec ses quétaineries et ses trésors, conservés précieusement.

Je penserai à ma mère, partie un peu avant les fêtes, une maman qui, comme bien d’autres, est en grande partie responsable de mes bons souvenirs de Noël.

Il y a deux ans maintenant, mon alter ego chantant, Gert Galipeau, et sa sœur Gayle (qui écrit des chansons et compose des mélodies de Noël redoutablement charmantes) ont rendu hommage à la dévotion de nos mamans. La chanson C’est Noël et on se donne du duo Les Galipeau’s est devenue un scopitone rétro, tourné avec des amis et nos enfants (qui ont bien poussé depuis). La pièce est là, si ça vous chante, prête à être visionnée sur Facebook et YouTube. En prime, vous le remarquerez, on s’est permis un petit clin d’œil à Châtelaine.

Parce qu’il ne faut jamais jeter ses vieilles boules.


Animatrice, chroniqueuse, comédienne et metteure en scène, Chantal Lamarre est cet automne à Infoman et aux Dieux de la danse (ICI Radio-Canada Télé), de même qu’à On n’est pas sorti de l’auberge (ICI Radio-Canada Première).

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