Je n’aimerais pas me faire appeler par un dirigeant syndical un dimanche après-midi de printemps aux allures estivales pour me faire annoncer que je vais pouvoir continuer à boire de la bière pour un bon bout de temps. Perdre son gagne-bifteck, ça devrait être interdit le dimanche. Et mon BBQ aurait un arrière-goût halal, tout à coup.
Ce que les 1800 employés d’Aveos vivent ce matin est assez symptomatique d’une gestion froide et sans émotion. On met le cadenas sur la porte un dimanche et on s’épargne les séances de pleurs et les récriminations en tout genre. Appelons cela une mise à pied cavalière.
Probablement que les MBA qui ont décidé de mettre la clé dans la porte ont aussi appris que la meilleure façon d’économiser des papiers-mouchoirs, c’est de ne pas fournir d’occasion de pleurer. Un ordinateur que l’on ferme fait moins de manières qu’un mécanicien de 50 ans qu’on « slacke » en sachant qu’il a peu de chance de se recaser même si le gouvernement veut faire passer l’heure de la retraite à 67 ans. À moins qu’il s’endette pour retourner étudier…?
Bon, je me replonge dans la lecture de « Je ne suis pas une compagnie. L’intrusion des valeurs corporatives dans notre intimité » de Michel Perreault où l’auteur explique très bien que les compagnies doivent être de plus en plus nomades pour survivre. Elles ont une durée de vie de 12 ans et demi, en moyenne, peu importe leur origine. Les deux tiers d’entre elles s’éteignent avant trois ans. Les humains, eux, sont sédentaires dans 97% des cas, par nature.
À l’évidence, nous ne sommes pas au bout de nos peines en matière de déshumanisation.