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Opinions

La falaise de verre : encore elle?

Marianne Prairie revient sur la nomination de Theresa May comme première ministre du Royaume-Uni et se demande si un jour, les femmes pourront s’éloigner pour de bon de la falaise de verre.
La falaise de verre : encore elle?

Le 13 juillet dernier, Theresa May est devenue la première ministre du Royaume-Uni, succédant à David Cameron à la tête d’un gouvernement en plein chaos post-Brexit. L’ancienne ministre de l’Intérieur « devra passer la moitié de son temps à négocier avec les Européens qui veulent bouter sans ménagement les ingrats Britanniques hors de leur union, et l’autre moitié à calmer les Britanniques impatients de voir déguerpir les Européens de leur royaume pas si uni que ça. » WATATOW la belle promotion.

La falaise de verre : encore elle?

Si je me réjouis (presque) toujours de voir des femmes accéder à des postes de pouvoir aussi importants, je suis loin d’être enthousiaste à l’idée qu’il s’agit bien souvent de cadeaux empoisonnés. En effet, en faisant plus ample connaissance avec Theresa May, j’ai appris l’existence du phénomène de la « falaise de verre ». C’est, vous l’aurez deviné, la p’tite cousine du « plafond de verre », cette limite « invisible » planant au-dessus des femmes et qui bloque leur ascension dans l’échelle hiérarchique au travail comme dans l’appareil gouvernemental.

Maintenant que le plafond de verre est beaucoup moins étanche et qu’il a été fracassé à maintes occasions depuis l’invention du terme dans les années 1970, les femmes font face à un nouveau péril : celui de continuer d’avancer et de progresser alors qu’elles se tiennent en équilibre au bord du gouffre.

La falaise de verre, la journaliste Noémi Mercier l’explique ainsi : « les femmes ont tendance à être nommées à des postes de pouvoir lorsqu’une organisation est dans le pétrin, des situations forcément précaires qui les mettent plus à risque d’échouer. Et d’être punies ensuite pour les déroutes provoquées par leurs prédécesseurs. Et vlan! »

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La falaise de verre : encore elle?

La journaliste de L’actualité a exploré le sujet l’hiver dernier, alors que Philippe Couillard nommait en janvier trois femmes de plus au Conseil des ministres (ce qui a fait augmenter la représentation féminine 32% à 40%). Le remaniement a eu lieu alors que le Parti libéral traversait une période difficile. Mercier expliquait que le phénomène est étudié de près depuis plusieurs années et que de nombreuses études confirment son existence. On rencontre la falaise de verre couramment dans le milieu politique, écrit la journaliste, mais aussi dans le monde des affaires. General Motors, Hewlett-Packard et Yahoo! ont toutes des femmes PDG, nommées au moment où les multinationales étaient en déroute.

La psychologue organisationnelle et chercheuse Michelle Ryan, la première à nommer et décrire la falaise de verre avec son collègue Alexander Haslam en 2005, avance comme hypothèse que les femmes seraient perçues comme de meilleures leaders dans les situations où tout fout le camp. Noémi Mercier écrit : « Non pas parce qu’on s’attend à ce qu’elles redressent la situation, mais parce qu’on leur prête un talent particulier pour accompagner leurs employés dans la tempête, et une disposition à accepter la responsabilité pour les erreurs des autres. »

La falaise de verre : encore elle?

On ne s’en sort pas. Au lieu d’être considérées comme des candidates sérieuses, les femmes sont surtout valorisées dans les stéréotypes qu’on se fait d’elles. La conciliation et la compassion viennent par défaut avec un appareil reproducteur féminin, tout le monde sait ça, voyons! Elles sont les meilleures pour « faire le ménage » et elles s’oublient volontiers pour le bien des autres, hein? Toutes les femmes sont d’même!

La falaise de verre : encore elle?

Dans le cas du Royaume-Uni, en plus de rassurer la population et les marchés, je proposerais à Theresa May de mettre en valeur ces « compétences » toutes féminines lors de son mandat au parlement britannique :

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  • Apporter des scones faits maison pour souder l’esprit d’équipe.
  • Faire du thé en toutes occasions pour adoucir les discussions.
  • Partir des rumeurs pour diviser les autres partis.
  • Bouder de façon passive-agressive pendant les débats pour qu’on lui donne raison.
  • Faire étalage de sa garde-robe foisonnante ou de sa nouvelle coupe de cheveux pour détourner toutes conversations sérieuses.

Je prends donc les paris: madame May glissera-t-elle dans la falaise de verre ou pas? Combien de temps pourra-t-elle tenir le coup?

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Pour écrire à Marianne Prairie: chatelaine@marianneprairie.com

Pour réagir sur Twitter: @marianneprairie

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Marianne Prarie est l’auteure de La première fois que… Conseils sages et moins sages pour nouveaux parents (Caractère)

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Éditrice, autrice et productrice, Marianne Prairie a été chroniqueuse pour Châtelaine.
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