J’avais prévu vous livrer ce billet le mois prochain, histoire de ne pas vous servir mon envolée à saveur démocratique sous le soleil. Cependant, il semble que notre premier ministre ait décidé de narguer le beau temps. De peur de passer tout droit, et parce que je tiens ferme à partager avec vous mes réflexions au sujet du prochain scrutin, je me lance. Veuillez me pardonner d’imposer ainsi une parenthèse à votre farniente.
Il semble donc que les élections soient imminentes. Depuis des semaines déjà, les analystes s’adonnent à des jeux de politique-fiction. Je ne joindrai pas ma voix à la leur, chacun son métier. Ma tribune, je veux cependant l’utiliser pour nous lancer un beau et grand défi citoyen.
En décembre 2008, nous avons battu un triste record au Québec, soit celui du plus faible taux de participation à des élections générales depuis 70 ans. Seuls 57 % des adultes se sont donné la peine de mettre un X sur leur bulletin de vote. Même dans les circonscriptions championnes de la participation, on a noté un recul marqué. Et que dire du taux de 37 % enregistré par les résidants de Westmount–Saint-Louis!
Au lendemain de cette élection, on a tenté d’expliquer cette désertion. Après avoir émis de nombreuses hypothèses sans en avoir retenu une seule, on a fait porter l’odieux au mercure, soit 20 degrés sous le point de congélation au jour J. S’il y a des élections avant l’équinoxe d’automne, nous ne pourrons pas jeter le blâme sur la mauvaise météo. C’est nous, et seulement nous, que nous pourrons accuser si le vent ne tourne pas comme nous le souhaitons. Au-delà des allégeances, il est beaucoup moins douloureux de vivre avec l’issue d’un scrutin, qu’elle nous plaise ou non, quand 80 % de nos concitoyens ont participé à l’exercice démocratique.
Ce printemps, j’ai vu autour de moi des gens peu politisés sortir dans la rue et s’indigner. J’ai vu des familles qui regardent rarement les bulletins de nouvelles se réveiller en tapant sur des casseroles. J’ai entendu des voisins discuter politique en taillant leur haie, des caissières à l’épicerie parler de leurs ados manifestants avec un mélange d’incompréhension, d’inquiétude et de fierté. J’ai assisté à de vertes engueulades au cours de soupers pourtant joyeux. Ce printemps, j’ai vu un peuple vivant. Et cette vitalité m’a remuée.
La rumeur d’élection ne courait pas encore, ou si peu, que j’avais décidé de vous interpeller en cette page pour vous inciter à voter. J’ai décidé d’en appeler à votre conscience citoyenne. Et si chacune d’entre nous se donnait la mission de convaincre un seul récalcitrant d’aller inscrire son X ? Et si on mettait tout en oeuvre pour faire sortir le vote? À ce stade-ci, le résultat, c’est presque un détail. Ce qu’il faut, c’est démontrer que nous ne sommes pas un peuple mou bien que tranquille, un peuple peureux bien que pacifique. Ce qu’il faut, c’est démontrer notre intelligence et notre compréhension de la valeur de la démocratie. Et cette démonstration, c’est dans les isoloirs, et nulle part ailleurs, qu’elle se manifestera.
Aux urnes, citoyennes!
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