L'édito

La course contre la montre

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Vous ne trouvez pas qu’on court tout le temps ? Entre la demi-toast avalée en vitesse et le moment où on pose la tête sur l’oreiller, les journées sont une succession ininterrompue d’activités programmées au quart de tour : décider quoi porter, promener toutou, stresser dans un embouteillage, s’enfiler trois réunions avant la « pause lunch » passée à gérer 82 courriels, et ainsi de suite jusqu’à l’étape souper, devoirs, petit rappel de la règle de trois : une brassée, un bout de film, bonne nuit chéri. Et hop ! on recommence.

Et comme si ce n’était pas assez de courir d’un rendez-vous à l’autre, d’une obligation à l’autre, voilà qu’on court maintenant tout court. On court pour se remettre en forme, on court pour maigrir, on court pour se dépasser, pour se prouver qu’on est capable d’aller jusqu’au bout, on court pour ne pas être la seule à ne pas courir. Autour de moi, je ne compte plus les femmes à l’agenda déjà surchargé qui ont attrapé la piqûre. À tel point que, dans certains cercles d’initiées, le demi-marathon est devenu le minimum de performance acceptable.

Vous l’aurez deviné, je n’occupe pas mon temps libre à courir, et le phénomène me laisse perplexe. La seule chose qui pourrait – éventuellement – me donner envie de chausser les Adidas tout neufs achetés en septembre dernier et qui croupissent dans mon placard, c’est la course en groupe pour une bonne cause. Comme le Défi Montréal – New York de la Fondation Esprit de corps, un marathon-relais au profit des familles monoparentales auquel participeront deux collègues de Châtelaine et ma voisine (qui ne se connaissent pas d’ailleurs !). Je leur souhaite d’avoir le vent dans les voiles, en espérant que les attentats de Boston ne teinteront pas l’événement de paranoïa.

Une autre bonne raison de courir ce printemps ? Le Relais pour la vie de la Société canadienne du cancer. Une course de nuit amicale qui se tient aux quatre coins du Québec pour rendre hommage aux survivants, aux disparus et aux grands oubliés que sont les aidants naturels. Chaque année, cette activité amasse des fonds considérables (objectif 2013 : 14 millions). Une somme qui peut changer le cours des choses.

Dans la course contre la montre qu’est la lutte contre le cancer, l’accès rapide aux spécialistes, aux tests et aux traitements peut faire la différence entre rémission et phase terminale. Et les dons de particuliers comptent pour beaucoup dans la balance. En 2009, un de mes proches, que je n’identifierai pas parce que « devenir le sujet de ton édito, non merci », a contracté un cancer du poumon. La lésion était importante et le cas, avancé. Le diagnostic est tombé : inopérable, pas d’espoir de guérison, un an et demi devant lui, deux, pas plus. S’entendre dire ça au début de la cinquantaine quand on est père de famille, ça fait son petit effet. Le testament a été passé au peigne fin, le fils aîné a été informé, le plus jeune épargné en attendant un pronostic plus précis. Une conversation pénible qui n’a jamais eu lieu : le cancer était finalement opérable et Monsieur X  est aujourd’hui tiré d’affaire.

Miraculé ? Chanceux, plutôt. Le jour du verdict, un pneumologue allumé lui a conseillé de changer d’hôpital et de se faire traiter dans une institution de pointe, dont le budget d’oncologie est étoffé par de généreux dons de particuliers. À peine 24 heures plus tard, il y rencontrait un chirurgien et une oncologue aussi brillants que déterminés à le sauver. Au bout de quelques semaines, il avait passé une batterie de tests, subi deux opérations, et il rentrait à la maison, un poumon en moins, sur la voie de la guérison. C’était un 15 janvier. Le lendemain, le service d’oncologie du premier centre hospitalier l’appelait pour lui donner un rendez vous – dans quatre semaines ! – pour un premier scan. S’il n’avait pas changé d’hôpital, comme des milliers de personnes atteintes du cancer il se serait retrouvé sur une absurde liste d’attente, les métastases auraient fait leur boulot… vous devinez le reste.

Ce genre d’histoire donne envie de sortir ses chaussures de course… Pour vous inscrire au Relais pour la vie et connaître le lieu où il se tient dans votre région – ou pour faire un don si vous n’avez pas attrapé la piqûre de la course –, rendez-vous sur le site de la Société canadienne du cancer.

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