Personne n’est vraiment préparé à recevoir un diagnostic de cancer. Bien que le sentiment de confiance du patient envers son médecin soit important, il est également essentiel de bien comprendre tout ce qu’on nous dit, depuis la première consultation jusqu’à un éventuel second avis. Le Dr David Palma, radio-oncologue exerçant en Ontario et auteur du livre Taking Charge of Cancer, souhaite que les patients soient le mieux renseignés possible. Il nous fait part ici des principales questions que les patients oublient de poser au cours des consultations.
Il faut demander ces autres précisions cruciales: «À quel point êtes-vous sûr du stade?», «Y a-t-il certains éléments qui restent à confirmer ou des tests qui doivent être effectués?». «Déterminer le stade est important, souligne le Dr Palma. Les médecins peuvent ainsi connaître l’origine du cancer et son degré d’extension dans l’organisme. Parfois les tests ne sont pas concluants et doivent être poursuivis, parce qu’un traitement pour un cancer de stade I sera en général inadéquat pour un cancer de stade IV, et vice versa.»
Le patient n’a pas besoin de consulter tous ses dossiers médicaux ou ses résultats de biopsie, avance le Dr Palma, mais seulement ceux qui concernent spécifiquement son diagnostic de cancer. S’il comprend bien ces rapports, il sera en mesure de vérifier si les recommandations qui lui sont faites correspondent bien aux normes de traitement établies. Souvent l’imagerie médicale montre une anomalie bénigne, mais qui devra faire l’objet d’un suivi après 6 et 12 mois. Si le patient a en main une copie du rapport, cela constituera un rappel de bien effectuer le suivi. C’est comme avoir un membre de plus dans l’équipe!
Il existe des recommandations quant aux tests et au choix de traitements pour les personnes atteintes de divers types de cancers. Bien sûr, chacun représente un cas unique, donc ces recommandations servent de point de départ – mais quand les médecins s’en éloignent, ils doivent avoir une bonne raison de le faire.
Il s’agit d’une question importante pour s’assurer d’avoir une vue d’ensemble de toutes les avenues possibles. Par exemple, les hommes atteints d’un cancer de la prostate à faible risque évolutif (c’est-à-dire qui ne menace pas leur vie dans un horizon de 5 à 10 ans) ont quatre options: la chirurgie, la radiothérapie externe ou interne, et le suivi actif. Certains médecins peuvent avoir tendance à privilégier le traitement offert dans leur spécialité, observe le Dr Palma. Ainsi, un radiologue pourrait être plus enclin à recommander la radiothérapie, alors qu’un chirurgien pourrait conseiller la chirurgie. Il arrive que des patients ne se voient même pas offrir la possibilité d’un suivi actif, selon lui. Les principales associations canadiennes et américaines du cancer publient régulièrement la description des traitements recommandés, à l’intention tant des patients que des médecins.
En plus de connaître les objectifs du traitement, il est utile de savoir quelles sont ses chances de succès, d’après le Dr Palma. Les médecins parlent en général en termes statistiques, mais si la probabilité de succès d’un traitement est élevée, le fait de le savoir peut réduire l’anxiété du patient. À l’inverse, si le traitement a peu de chances de réussir, ça peut être difficile à entendre, mais le patient dispose de l’information pour bien comprendre quel pourrait être le résultat.
On doit faire part au médecin de tout changement dans son état de santé ou ses habitudes de vie. Il est important qu’il soit au courant des antécédents médicaux afin d’évaluer tout risque de complications.
La période qui suit le traitement peut être très difficile pour le patient. «La personne a subi un traitement très intensif, et tout à coup, c’est terminé, explique le Dr Palma. C’est difficile sur le plan émotif parce qu’elle a cessé de combattre activement le cancer et elle ignore peut-être ce qui est prévu pour la suite des choses, ou à qui s’adresser si elle a besoin d’aide.»
Le Dr Palma conseille de suivre un plan de mieux-être personnalisé après la fin du traitement, chose encore assez peu répandue au pays selon lui. Il s’agit essentiellement d’un guide pour aider à répondre aux incertitudes du patient après le traitement (notamment en ce qui a trait au suivi, ou à tout souci d’ordre émotionnel, financier ou social). On peut l’imprimer et le remplir avec l’aide de son médecin.
À lire aussi: Rencontre avec Dominique Demers, auteure de Chronique d’un cancer ordinaire
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine