En plus de nous mettre en forme, ces arts martiaux et ces techniques d’autodéfense ont l’avantage d’augmenter notre confiance et de nous préparer, en cas de besoin, à faire face à des situations dangereuses.
Le Kung Fu de style White Crane
Lorne Bernard, instructeur et maître de l’Académie White Crane Kung Fu, nous explique que « le Kung Fu de la Grue Blanche, surtout connu sous le nom de White Crane, est un art martial traditionnel chinois, qui a été développé au milieu du 18e siècle par Fang Chi-Niang, une femme de petite taille, qui cherchait des moyens de se défendre à une époque où la violence était omniprésente. N’ayant pas la même force physique que les hommes, Fang Chi-Niang a créé des techniques qui, plutôt que de miser sur la puissance, sont basées sur la vitesse et l’atteinte des points vitaux, permettant à la personne qui les utilise de neutraliser rapidement un agresseur ».
Une des élèves de l’Académie, Mélanie L., 31 ans, a pratiqué le karaté 15 ans avant de se tourner vers le White Crane, il y a 3 ans. Au départ, elle voulait explorer un nouveau style plus traditionnel, qui incluait aussi l’utilisation d’armes, mais elle s’est vite rendu compte que les techniques enseignées en White Crane étaient plus adaptées aux vraies situations d’autodéfense. Mélanie trouve que c’est une discipline complète, qui lui permet de rester en santé, de développer sa souplesse, son cardio et sa force, tout en l’aidant à faire le vide. Bien qu’elle ne soit pas une personne violente, les entraînements au gym lui permettent de se défouler et d’éliminer son stress. Elle est atteinte d’arthrite, mais ça ne l’empêche pas de s’entraîner plus de 12 heures par semaine et de penser à devenir instructrice.
Le White Crane travaille l’esquive et la contre-attaque dans un même mouvement continu. C’est une technique qui utilise surtout les mains et les coudes. Dans un cours, les élèves pratiquent les formes (Tao-Lu), mieux connues sous le nom de katas dans d’autres disciplines. Ce sont 20 à 30 formes que l’on pratique, d’abord seule, ensuite à deux, avant de terminer avec des simulations de combats. Le White Crane se pratique à tout âge, car on peut l’adapter à nos capacités physiques, Mélanie l’a fait pour ses problèmes d’arthrite. Il comprend l’utilisation de 12 à 18 armes traditionnelles, mais Lorne précise que, dans les faits, tout peut devenir une arme, même une canne ou un éventail.
Académie White Crane Kung Fu comprend deux écoles à Montréal et à Laval. Coût : 900 $ pour l’abonnement annuel illimité, qui donne accès aux deux écoles, et 270 $ pour celui de 3 mois.
Le Krav Maga
Le Krav Maga est le système d’autodéfense enseigné par l’armée israélienne. Thierry Cimkauskas, fondateur de Krav Maga Canada, explique « qu’en Israël, comme le service militaire est obligatoire pour les hommes et les femmes, tout le monde apprend à se défendre ». Il aimerait bien que ce soit le cas ici, car ça permettrait aux femmes d’avoir plus confiance en elles. Dans ses écoles de Montréal et de Laval, on retrouve environ 40 % de femmes de tout âge et de tout domaine, de la secrétaire à la chef d’entreprise, des policières et même des escortes! Toutes désirent savoir comment se défendre dans des situations réelles.
Sophie*, 31 ans, s’est initiée au Krav Maga, il y a 5 ans et demi. Mère monoparentale d’un jeune garçon, elle est tombée par hasard sur cette discipline en allant chercher son fils à son cours d’art martial. Comme elle vit seule, elle voulait se sentir en sécurité et pouvoir assurer son rôle de protectrice. Le Krav Maga l’a aidée à surmonter des épreuves et des peurs enfouies ainsi qu’à faire la paix avec le contact physique, car à 14 ans, elle a été victime d’un viol collectif. Maintenant, elle est plus en forme et plus alerte. Elle sait comment lire son entourage et éviter les situations dangereuses. Selon Sophie, « notre body language nous trahit, et le fait de savoir comment me tirer de situations dangereuses m’a redonné une plus grande confiance en moi, ce qui fait de moi une proie moins intéressante pour les agresseurs ».
Tout comme le White Crane, en Krav Maga, on pratique les techniques seule, dans le vide, avant de les pratiquer avec un partenaire. On participe ensuite à des mises en situation, qui ajoutent de la pression et le facteur stress pour mieux simuler la réalité. Lorsqu’on assiste à son premier cours, on a l’impression d’être catapultée au cœur d’un film de James Bond ou de la série Bourne. Les femmes qui participent aux cours ne sont pas nécessairement costaudes, mais même les plus petites pourraient mettre K.-O. n’importe quel homme, même Arnold Schwarzenegger. Puis, fait étonnant, on peut même faire du Krav Maga en talons hauts et se servir de ceux-ci comme armes.
Krav Maga Israeli Imi System a présentement deux écoles à Montréal et à Laval. Une troisième école ouvrira à Saint-Jean-sur-Richelieu,au printemps. Un des instructeurs formés par Thierry Cimkauskas a aussi ouvert une école à Québec. Coûts : 160 $ pour 10 cours sur 3 mois ou 420 $ pour un nombre illimité de cours pendant 3 mois.
Le Ninjutsu de style Bujinkan
Estelle Padeloup enseigne le Ninjutsu, une discipline que l’on associe souvent aux Ninjas et qui est enseignée depuis plusieurs siècles au Japon. On la pratique avec ou sans arme. Cet art martial traditionnel d’autodéfense comprend trois niveaux : le Ten, qui enseigne les principes de déplacement dans l’espace, le Chi, qui inclut les techniques d’autodéfense, et le Jin, qui permet de gérer l’espace en utilisant les techniques. Tout comme dans les autres arts martiaux, on pratique des Shinken Gata (katas) avec ou sans partenaire. Estelle précise que « la répétition des mouvements permet de les automatiser pour qu’ils deviennent des réflexes en situation de stress ». Selon elle, « le Ninjutsu est une discipline parfaite pour les femmes, car elle travaille plus les angles et le placement que la force physique. Par exemple, lors d’une projection, si on utilise une bonne technique, on n’aura pas besoin de recourir à la force. L’idée est d’utiliser ce qui fonctionne pour nous, les femmes, sans toujours essayer de faire comme les hommes. »
Le Ninjutsu demande beaucoup de discipline, car comme Estelle nous l’explique, « il nous force à toujours nous remettre en question dans notre relation avec nous-même et avec les autres, et c’est souvent l’épreuve la plus difficile pour certaines personnes et aussi la plus grande cause d’abandon ». Bien que les techniques enseignées donnent plus confiance en soi, elle mentionne que l’idée est de ne jamais se mettre en danger par choix. Si on peut courir ou demander de l’aide, on le fait, mais si on est coincée et que l’on n’a pas d’autres options, alors on met en pratique les techniques apprises au dojo. La principale leçon apprise par celles qui pratiquent le Ninjutsu est, selon elle, de savoir se respecter, que ce soit sur les plans psychologique, émotif et relationnel.
Bujinkan Dôjô Montréal offre des cours à Montréal et à Beaconsfield. Coût : 99 $ pour le premier trimestre. Ensuite, les prix varient selon le nombre de cours suivis par semaine. Par exemple, il en coûte 192 $ pour 3 mois si on suit deux cours par semaine.
Le Systema et le Modern Kempo Jujitsu
Le Systema tire ses racines de la culture cosaque. C’est une technique d’autodéfense développée au départ pour les paysans, puis récupérée ensuite par l’armée russe. Son objectif est d’avoir le maximum d’impact en utilisant le moins d’énergie possible. Contrairement aux arts martiaux, il n’inclut pas de katas ou d’autres formes, mais est plutôt constitué de mouvements fluides simples, qui ressemblent presque à une danse et qui peuvent être combinés de multiples façons, selon les besoins.
Quatre principes de base régissent le Systema : la respiration, la posture, la relaxation et le mouvement continuel. Pourquoi la relaxation ou la décontraction? « Parce qu’un corps stressé aura plus de difficulté à réagir sur le plan rationnel ou cognitif et que plus on est détendue, plus il sera difficile pour l’attaquant d’anticiper la prochaine action », nous dit Alexandrina Delage, qui pratique le Systema depuis plusieurs années ainsi que le Modern Kempo Jujitsu (MKJ), un art martial plus traditionnel dont la clé est de transformer les prédateurs en victimes.
Alexandrina est une passionnée qui adore se sentir en contrôle et savoir qu’elle peut se défendre, au besoin. Elle a eu un véritable coup de foudre pour ces deux disciplines, qui lui ont permis de canaliser l’énergie brute qui émanait d’elle et qui ne pouvait s’exprimer par le yoga. Elle partage maintenant sa passion avec d’autres femmes, à qui elle enseigne une version hybride du Systema et du MKJ, une combinaison idéale, selon elle, pour s’adapter à la réalité des femmes, car elle incorpore la source scientifique et combative du Systema, qui est moins agressif, au test sous pression du MKJ, qui amène un niveau optimal de réalisme. Les exercices pratiqués sont faits en augmentant progressivement la pression et le stress pour que les femmes puissent se sentir à l’aise d’appliquer les techniques en cas d’agression. L’objectif est d’obtenir le maximum d’impact tout en essayant de se blesser le moins possible. On retrouve des mouvements simples, comme des coups de genou ou des coups de poing marteau, qui sont moins douloureux que ceux utilisés en boxe et appliqués à certains angles précis. Elle qui était très zen ne se passerait plus de la dose d’adrénaline que sa pratique régulière lui procure. Même si l’objectif en autodéfense est d’être autonome le plus rapidement possible, la pratique régulière permet de mieux maîtriser les techniques et d’augmenter sa confiance en soi. Cela permet aussi de pouvoir affronter autant les attaques psychologiques que physiques, car, dit-elle, « dans la vie, les agresseurs ne sont pas toujours ceux qui nous frappent physiquement ».
Alexandrina enseigne à GO Coaching Global et à Combat Systema avec Kevin Secours. Coût : 15 $ à la carte ou 100 $ pour l’abonnement de 1 mois et 550 $ pour l’abonnement annuel, qui inclut aussi l’accès au Combat Conditionning, un bootcamp de 30 minutes, qui repousse les limites physiques et psychologiques des participantes.
*Sophie est un nom fictif donné pour préserver l’anonymat de la femme qui nous a livré son témoignage.