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Santé

Incontinence urinaire : les conseils du physiothérapeute Denis Fortier

L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité. Si seulement les solutions étaient mieux connues.
Par Denis Fortier
Incontinence urinaire : les conseils du physiothérapeute Denis Fortier

Photo : Julia Marois

Pour la plupart d’entre nous, l’arrivée sur terre se fait par une hasardeuse traversée du plancher pelvien maternel, dont nous ne gardons bien sûr aucun souvenir. Il en va autrement pour celles qui donnent naissance. Ma patiente Noémie n’a rien oublié de son premier accouchement. L’émerveillement, la fierté, mais aussi l’épuisement et une déchirure de grade 3, du vagin jusqu’à l’anus. Elle est à nouveau enceinte. Des douleurs irradient du sacrum à l’ischion. Cela explique le fauteuil roulant dans lequel elle se présente à la salle de traitement. Mais il y a autre chose. « Ça date de ma première grossesse. C’est normal, on me l’a dit. Juste quelques gouttes, de temps en temps. Rarement des jets », me confie Noémie en minimisant l’importance des fuites d’urine qui se manifestent à l’effort. Martine, elle, n’a jamais connu la maternité. Pourtant, à l’aube de la soixantaine, elle a entendu son entourage lui répéter que « c’est normal à son âge ». Ce qui l’a convaincue qu’il n’y a rien à faire quand son plancher pelvien se relâche un peu trop. J’aurais d’autres histoires à raconter, sur tant de femmes résignées devant ces bris d’étanchéité, dont on n’entend jamais parler aux infos de 18 heures.
Pourtant, imaginons ce qui suit : un virus frappe le quart des joueurs de hockey sur la planète. Horreur ! Certains voient leurs rapports sexuels et leur estime de soi hypothéqués. D’autres dépriment et se résignent à porter une protection sur la glace – je ne parle pas ici de casque. Pire, les études révèlent que ce désagrément mène au bistouri une fois sur cinq ! L’histoire ferait les manchettes pendant des semaines. Or, depuis des millénaires, des femmes subissent le même problème physiologique et dans les mêmes proportions. Souvent, en silence. La capacité d’adaptation des muscles me fascine. On stimule les biceps, les abdos. L’opération est moins intuitive pour tonifier notre hamac, comme on appelle la zone entre le pubis et le coccyx. Noémie et Martine ont commencé par cet exercice : on contracte comme si on retenait l’urine en aspirant doucement le plancher pelvien vers le centre du corps. On tient de 3 à 10 secondes, on relâche, et on répète de 10 à 20 fois. Puis, on progresse en variant durée, rythme et vitesse.
Les troubles du plancher pelvien dépassent la sphère de l’intimité. Ne pas en parler nourrit la stigmatisation et renforce l’âgisme et le machisme. Les chercheurs innovent depuis des décennies pour mieux évaluer et traiter l’incontinence. J’admire mes collègues physios dont l’efficacité des interventions n’est plus à démontrer. Celles-ci se pratiquent principalement en clinique privée. Or, déployées à plus grande échelle, comme dans les hôpitaux et les CLSC, elles auraient déjà amélioré la vie de Noémie, Martine et les autres. Qu’est-ce qu’on attend ? À consulter.Le site de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec pour trouver un ou une physiothérapeute en ré-éducation du périnée. À éviter.Contracter son plancher pelvien au moment de la miction pour interrompre le jet d’urine. Un bon test pour évaluer sa capacité de contraction, mais à proscrire comme exercice régulier. Cela favorise une certaine stagnation de l’urine dans la vessie. À lire.L’incontinence urinaire – La prévenir, la traiter, un guide très utile de la physiothérapeute Chantal Dumoulin, publié par le CIUSSS du Centre-Est-de-l’Île de Montréal, 24,95 $.

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