Santé

Les oignons

J’ai une protubérance sur le côté des gros orteils. Ces bosses sont inesthétiques et j’ai du mal à me chausser. Est-ce dû au port de talons hauts ? Peut-on corriger ce défaut ?

Vous décrivez un problème fréquent, appelé communément « oignon ». Dans le langage médical, cette pathologie a pour nom hallux valgus. En fait, la « bosse » que vous voyez sur le côté du gros orteil est le symptôme d’une articulation désaxée.

Contrairement à la croyance populaire, un oignon ne pousse pas. En réalité, l’articulation dévie et change d’axe. Il s’agit d’un trouble génétique, attribuable en grande partie à des facteurs héréditaires et qui touche beaucoup plus de femmes que d’hommes. Ce ne sont pas les chaussures trop petites ou à talons hauts qui causent les oignons, mais une mobilité exagérée du médiotarse, une articulation du pied. Ces chaussures sont cependant à déconseiller aux personnes sujettes à faire des oignons, tout comme les chaussures à bout pointu et celles très plates et molles – dans le genre tongs, babouches ou souliers chinois.

Plus la structure du pied est instable, plus l’articulation du gros orteil (celle-ci supporte approximativement 40 % de votre poids quand vous marchez) déviera avec le temps. À long terme, la déviation s’accentue. De l’inconfort, des douleurs et des bursites peuvent se manifester, et c’est sans parler de la difficulté à se chausser. La douleur, très variable d’un individu à l’autre, va d’un niveau tolérable jusqu’à des élancements pouvant perturber la vie quotidienne. L’intensité de la douleur est le premier facteur qui détermine si le recours à l’intervention chirurgicale est indiqué.

Prévention et traitement
L’idéal est de dépister le plus tôt possible les enfants à risque (entre 8 et 12 ans) par une évaluation biomécanique et un historique des antécédents familiaux. Le port d’orthèses biomécaniques pendant la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte pourrait réduire jusqu’à 80 % le risque de développer des oignons tout en favorisant un alignement optimal de l’ossature chez certains.

Chez l’adulte, l’approche varie selon l’âge et la gravité du cas. L’intervention chirurgicale est la solution de choix pour corriger la déviation.

Je la recommanderais d’emblée, par exemple, à une jeune femme de 20 ans présentant une déviation importante du pied et des douleurs, puisque l’évolution est presque inévitable (elle se produit généralement entre 30 et 45 ans). En revanche, à une femme de 58 ans atteinte d’une déviation moyenne accompagnée de douleurs occasionnelles, je conseillerais plutôt le port d’orthèses biomécaniques visant à assurer une répartition plus équitable de la charge corporelle sur les articulations des os du pied (qui en possède 26).
L’âge ne constitue pas une contre-indication à l’intervention chirurgicale, qu’on peut subir dès que la croissance est terminée. La convalescence dure de six à huit semaines et n’exige pas obligatoirement de traitements de physiothérapie.

André Benoit exerce à la Clinique de médecine podiatrique André Benoit, à Montréal.

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