Chez les hommes, la panne de désir constitue un sujet tabou, puisqu’ils sont censés être « toujours prêts ». Je ne trouve donc pas du tout étonnant que votre conjoint n’ait pas envie d’aborder la question.
Ma première suggestion serait qu’il subisse un bilan de santé, car ses difficultés sont peut-être liées à une maladie qu’il ne soupçonne pas. Votre conjoint pourrait également être victime de surmenage, manquer simplement d’activité physique ou encore avoir un sommeil de mauvaise qualité.
Prend-il des médicaments, notamment des antidépresseurs ? Ces produits peuvent avoir des effets négatifs sur la libido.
Son travail est-il stressant ? Est-il au chômage, ce qui pourrait entraîner une perte d’estime de soi, ou à la retraite, étape de vie qui peut miner le moral ?
A-t-il engraissé au cours des derniers mois ? Est-il possible que, pour une raison ou une autre, il ne soit pas fier de lui ? Le cas échéant, il n’est sans doute pas facile pour lui de vous le dire…
D’autres facteurs pourraient expliquer sa panne de désir : des conflits dans le couple engendrant une peur de l’intimité, un arrêt prolongé des activités sexuelles, des problèmes financiers, un manque de temps pour lui-même. Vous avez eu des discussions à ce sujet : c’est déjà un bon départ.
Un reflet de la relation
Le manque de désir est aussi un reflet de la relation entre deux partenaires.
Vous abordez la question de la sexualité, mais qu’en est-il des autres aspects de la vie de couple qui demandent, eux aussi, à être nourris quotidiennement ? Riez-vous ensemble ? Y a-t-il entre vous des manifestations de tendresse, des caresses, des gestes de consolation, de petites attentions ?
Peut-être y aurait-il lieu de vous interroger tous les deux sur l’aspect amoureux et affectif de vos rapports. Qu’est-ce qui fait obstacle au désir de votre conjoint ? Cette panne de désir est-elle un phénomène nouveau ? Il semble que vos initiatives ne répondent pas aux besoins de votre compagnon, qui, de son côté, ne vous fournit pas d’indices.
Peut-être pourriez-vous proposer à votre conjoint de consulter un sexologue, un psychologue ou un thérapeute de couple, mais la première étape devrait consister pour vous à cesser de dépenser autant d’énergie à rallumer sa flamme. Vous ne récoltez que frustrations et déceptions. C’est à lui de cerner la cause de sa « fatigue » et de réagir s’il ne veut pas que son couple aille à la dérive.
France Dubé est sexologue clinicienne et psychothérapeute à Gatineau et la Petite-Nation.