Fondatrice de Pipeline Fellowship, 31 ans, États-Unis
La vaste majorité des « anges investisseurs » sont des hommes blancs qui financent des start-up fondées par... d’autres hommes blancs. Natalia, une Latina gaie installée à New York, voulait casser le moule. En 2011, elle a mis sur pied Pipeline Fellowship, des ateliers à l’intention des femmes qui désirent investir du capital de risque dans des entreprises socialement responsables dirigées par des femmes. Elle souhaite aussi voir plus d’investisseurs issus des minorités culturelles. Bref, diversifier les couleurs et les idées. Le programme de formation a donné des ailes à plus de 80 « nouvelles » anges investisseurs. Natalia fait partie des femmes les plus influentes sur Twitter, selon les magazines Forbes et Fortune. @nakisnakis
Avocate en droit pénal et criminel au cabinet Desrosiers, Joncas, Nouraie, Massicotte, chargée de cours à l’UQÀM, 33 ans, Québec
En plus d’être avocate associée, chargée de cours et mère d’une fillette de 10 mois, vous consacrez bénévolement plus de 20 heures par semaine au Projet Innocence Québec. Cet organisme aide des personnes qui se disent accusées à tort d’un crime et qui n’ont plus de recours devant les tribunaux. Avec une équipe d’étudiants en droit et mon conjoint, lui aussi avocat, nous refaisons les enquêtes. Jusqu’à maintenant, nous avons réussi à démontrer un cas d’erreur judiciaire, et deux autres sont devant les tribunaux. Je m’investis à fond là-dedans parce que ça me ramène à la raison fondamentale pour laquelle j’ai choisi ce métier : réparer des injustices. C’est ce que je répète à la ronde depuis l’âge de quatre ans ! Vous êtes également préoccupée par l’accès à la justice. Il faut trouver le moyen que tous aient droit à un avocat compétent, y compris les plus démunis. C’est pourquoi j’ai choisi, par l’entremise de la Société Elizabeth Fry du Québec, de défendre les femmes incarcérées pour faciliter leur réintégration. Je souhaite éviter qu’elles se retrouvent encore dans des situations précaires. Comment faites-vous pour conjuguer une vie professionnelle aussi dense et la maternité ? C’est vrai que, dans le domaine du droit, les mesures de conciliation travail-famille présentent d’énormes lacunes. L’université nous prépare mal aux sacrifices qu’il faut faire. Ma solution a été de fonder le Groupe Nouraie, où les avocats sont tous des salariés qui planchent ensemble sur des dossiers plutôt que d’être en compétition les uns contre les autres. C’est un concept rare en droit criminel – d’habitude, les avocats sont à leur compte. Le travail en équipe permet pourtant d’avoir plus de temps pour la famille ou des projets personnels. Espérons que le modèle se répande !
Activiste féministe, 30 ans, Ontario
Vous vous définissez comme une activiste féministe. On peut en faire un métier ? Eh oui... Même sous le gouvernement Harper ! J’ai été embauchée à contrat par le gouvernement de l’Ontario pour parler de violence sexuelle dans les écoles, les milieux de travail, sur la colline parlementaire et les campus universitaires. Je dirige aussi Hollaback ! Ottawa, une campagne internationale dénonçant le harcèlement sexuel dans les lieux publics. Enfin, je fais de la recherche sur la réalité des femmes victimes d’agressions dans les milieux ruraux. Quand je pense qu’une sur trois va subir de la violence sexuelle au cours de sa vie et que seulement 10 % d’entre elles oseront dénoncer ces gestes à la police, ça me choque. Je ne pouvais pas ne pas agir. Comment les gens réagissent-ils à votre discours ? Beaucoup ont du mal à croire que la violence sexuelle soit si présente au pays. On s’imagine que l’égalité des sexes est chose faite. Sans exagérer, tous les jours je reçois des courriels ou des commentaires sur les réseaux sociaux qui disent, en gros, que mes propos n’ont pas d’allure, que je dois détester les hommes et que je pense qu’ils sont tous des violeurs (ce qui est faux, bien entendu). Même chose quand je donne des conférences. Il m’est arrivé d’avoir peur de retourner à ma voiture après. On m’a même fait des menaces de mort. Aujourd’hui, je ne peux plus dire où je vis, quelle voiture je conduis, où je serai ce soir, et je choisis avec précaution les photos de moi qui sont sur le web. En commençant à militer, je ne pensais jamais que ce serait si risqué. Quel est votre souhait le plus cher ? Ne plus avoir de job ! [Rires]
Fondatrice de Ladies Learning Code et de HackerYou, 28 ans, Ontario
L’informatique est l’un des rares champs d’études universitaires dans lesquels le nombre de femmes diplômées a diminué depuis 1992. Pour renverser la vapeur, Heather a mis sur pied, il y a quatre ans, des ateliers conviviaux dans lesquels les femmes apprennent les rudiments de la programmation informatique. Son organisme offre des séances partout au pays, y compris à Montréal, en français. Elle a aussi fondé HackerYou, qui offre des formations plus complètes ciblant le marché du travail. Environ les deux tiers des élèves inscrits sont des femmes. Le rêve de Heather ? « L’égalité des sexes partout, au boulot comme à la maison. Je ne me contente pas d’en parler : j’agis pour que ça arrive un jour ! »
Auteure et réalisatrice, 27 ans, Québec
À trois ans, elle rêvait déjà de réaliser des films. Ce qu’elle a fait, quitte à surcharger ses cartes de crédit ! Sa détermination l’a payée : son premier long métrage, Sarah préfère la course, lui a valu une nomination au Festival de Cannes en 2013. Elle en prépare un deuxième, Pays, dans lequel on découvrira trois politiciennes ayant du mal à arrimer vie publique et vie privée. D’ici là, on peut visionner sa websérie Féminin/Féminin, qui met en scène une bande de lesbiennes attachantes s’interrogeant sur l’amour. Une deuxième saison est en développement, cette fois pour la télé. Elle-même gaie, Chloé souhaite apporter un regard neuf sur l’homosexualité. Ceci dit, dépeindre la réalité des lesbiennes n’est pas au cœur de sa démarche artistique. « Au fond, a-t-elle confié à L’actualité, ce qui m’intéresse, c’est la façon dont les femmes, toutes orientations confondues, prennent leur place et vivent leur liberté. »
Championne olympique de ski de fond à la retraite, 31 ans, Alberta
Au pays, seules 38 % des filles sont assez actives, contre 55 % des garçons. Pour les encourager à faire plus de sport, Chandra, skieuse de fond médaillée d’or aux Jeux olympiques de Turin (2006), a créé Fast and Female. L’organisme invite des Canadiennes de 9 à 19 ans à participer à des journées d’activités encadrées par des athlètes d’élite féminines, avec qui elles peuvent discuter de saines habitudes de vie, de réussite et de leadership.
Directrice de la publication, stratégie d’audience, TIME et Time Inc., 26 ans, États-Unis
On dit d’elle qu’à 30 ans elle mènera le monde des médias. Et c’est bien parti : recrutée par le magazine TIME en 2013 pour s’occuper du volet numérique, celle qui se définit à la fois comme journaliste et stratège de marque a contribué à faire bondir de 227 % le trafic sur les plateformes du média en un an. « Mon plus grand objectif est que les nouvelles importantes parviennent aux lecteurs, malgré l’agitation de notre époque, et que les gens puissent y accéder aisément », dit-elle.
Biologiste, cofondatrice des laboratoires Écrins Therapeutics, 35 ans, France
Si le cancer se traite un jour comme une infection banale, ce sera peut-être beaucoup grâce à cette docteure en biologie cellulaire de Grenoble, en France. Cet hiver, Aurélie et ses collaborateurs ont découvert une molécule – ET-D5 – qui empêche les cellules cancéreuses de se multiplier et qui, contrairement à la chimiothérapie, détruit les vaisseaux sanguins alimentant les tumeurs sans causer de dommage autour. Ça a fonctionné chez les souris ; reste à mener des expériences sur les humains. Les essais cliniques devraient débuter fin 2016 chez des patients atteints de cancer avancé.
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