Société

Baby boom


 

En 2009, la fête des Mères est célébrée le 10 mai au Québec, comme en Italie (la Festa della mamma) et aux États-Unis (Mother’s Day). En France, par contre, les mamans ne recevront des fleurs – ou un appel téléphonique – que le 7 juin. En Thaïlande, c’est le mercredi 12 août (jour de l’anniversaire de la reine) qu’elles seront gâtées, alors qu’en Russie, la Den’ Materi sera comme d’habitude fêtée le 30 novembre.

Cette journée dédiée à la mère, un « concept » né dans la Grèce antique, de plus en plus de Québécoises la vivent dans le rôle-titre. L’Institut de la statistique du Québec le confirmait récemment : la belle province connaît depuis quelques années un mini baby-boom (on précise « mini » pour le distinguer du véritable baby-boom de l’après-guerre, alors que les femmes avaient en moyenne quatre enfants). En 2007, l’indice de fécondité a atteint 1,65 enfant par Québécoise ; il était de 1,45 en l’an 2000. En attendant les chiffres officiels de 2008, on sait déjà que la tendance à la hausse se maintient. Une remontée continue et remarquable, qui dépasse la moyenne canadienne. Elle est due en grande partie, c’est l’évidence, aux mesures gouvernementales proactives, comme les garderies à 7 $ et le régime d’assurance parentale (congés de maternité et de paternité). La maternité est valorisée, les ventres bien ronds s’affichent avec fierté, au bureau comme à la une des magazines, des zones d’allaitement cozy sont réservées aux mamans dans un nombre grandissant d’endroits publics. Et on annonce pour bientôt le remboursement des coûts de fécondation in vitro (à l’heure actuelle, les couples infertiles reçoivent un crédit d’impôt de 30 %).

Malgré tout cela, nous n’avons pas encore atteint le seuil de remplacement des générations (estimé à 2,1 enfants par femme) que vient de dépasser, pour la première fois depuis 1971, notre voisin américain. Par contre, nous faisons meilleure figure que certaines nations du sud de l’Europe. En Italie, par exemple, jadis terre de familles nombreuses et de la fameuse mamma, on ne compte que 1,3 enfant par femme (et moins encore dans certaines régions), un chiffre inquiétant selon les démographes : avec un tel indice de fécondité, une population donnée est réduite de moitié en un demi-siècle. Cette tendance a été baptisée lowest-low fertility (sous-sous-fécondité).

Pourquoi les Italiennes procréent si peu ? D’abord, parce que l’État ne les soutient pas. Ensuite, parce que le coût de la vie fort élevé les retient longtemps chez leurs parents (pas très inspirant pour la bagatelle). Enfin, parce qu’elles sont nombreuses à avoir leur premier – et souvent unique – enfant passé 40 ans : or, à cet âge charnière, elles doivent s’occuper à la fois de bébé et de leurs parents vieillissants… qui, à une autre époque, auraient rempli une fonction déterminante dans l’éducation de la marmaille. Ajoutons à cela l’uomo italien, encore trop campé dans son rôle traditionnel qui lui interdit de faire la vaisselle.

Et au Québec ? Les sondages le disent : les papas mettent de plus en plus la main à la pâte. Bravo. Qu’ils la mettent aussi un peu plus à changer les couches de poupon et on fera bientôt autant de babies que les Américaines.

Pour tout savoir en primeur

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.