Société

Conseils financiers : séparer le bon grain de l’ivraie

Avant de confier vos précieuses économies au premier expert venu, assurez-vous qu’il a les compétences et les permis requis pour vous conseiller.

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Comment faire fructifier vos économies? Comment investir pour vous assurer d’un rendement suffisant pour réaliser vos projets ou avoir une retraite confortable? Comment choisir parmi la multitude de produits financiers? Comment fonctionnent les REER, les CELI, les REEE? Ces questions vous semblent compliquées? Rien d’étonnant! Le monde des produits et des services financiers ne cesse de se complexifier. D’où l’importance de consulter un expert, qui saura à la fois cerner vos besoins et vos objectifs, en plus de vous proposer des placements et une planification financière adaptés à votre situation.

Un expert qu’il faut cependant choisir avec soin. Car si la plupart des professionnels de l’industrie des services financiers sont honnêtes et compétents, certains n’hésitent pas à s’affubler de titres non reconnus par la loi et de compétences qu’ils n’ont pas.

Des titres illégaux
Avant d’investir, investiguez! Ce slogan fort judicieux a servi de thème, en 2011, à l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui souhaitait sensibiliser les consommateurs à l’importance de bien choisir le professionnel à qui ils comptent confier leurs économies. Et pour cause! Car même si le marché des produits et services financiers est hautement réglementé et encadré par des lois qui visent la protection des investisseurs, il fourmille encore de pseudo-experts, aux pratiques souvent douteuses.

Par exemple, savez-vous ce qu’ont en commun les titres « professionnels » suivants :
– conseiller, consultant ou coordonnateur financier;
– conseiller, consultant ou coordonnateur en planification financière, en finances personnelles ou en placements;
– planificateur agréé, consultant agréé en finances, en finances personnelles ou en planification financière?

Ils sont tous illégaux aux termes de la Loi sur l’encadrement des activités de distribution des produits et services financiers! En effet, selon la loi, il est interdit de porter un titre qui inclut, peu importe dans quel ordre, l’une ou l’autre des trois expressions suivantes : conseiller financier, consultant financier ou planification financière.

Cela dit, dans la littérature de vulgarisation, le terme « conseiller financier » ou « conseiller en placements » est souvent utilisé pour désigner les experts qui offrent des services de consultation et de planification financière. Cette pratique est tolérée, car le terme est plus « imagé » pour les médias et le grand public, mais ce « conseiller » doit impérativement être inscrit à l’AMF, sous l’un des titres réservés, s’il investit votre argent ou vous vend des produits financiers.

Planificateur financier : un expert reconnu
Au Québec, en matière de « conseils financiers », seul le titre de planificateur financier est reconnu et autorisé. C’est d’ailleurs un titre réservé, ce qui signifie que seules les personnes ayant suivi la formation et réussi les examens de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) et qui répondent aux critères de l’AMF ont le droit de porter le titre de planificateur financier. Au début de 2012, le registre de l’AMF comptait 4 688 planificateurs financiers dûment inscrits.

À ce nombre, il faut ajouter les planificateurs financiers qui sont déjà membres d’ordres professionnels et donc soumis aux dispositions de lois et d’un code de déontologie. Il s’agit des notaires, administrateurs du Québec, comptables agréés (CA) et comptables généraux agréés (CGA). Ces professionnels n’ont pas l’obligation de s’inscrire au registre de l’AMF, mais doivent être diplômés de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Avant de confier des milliers de dollars à un expert, il vaut donc mieux prendre quelques minutes pour vérifier s’il est bien inscrit au registre de l’AMF ou s’il est membre de l’un de ces ordres professionnels et qu’il détient un diplôme de l’IQPF.

Un généraliste à plusieurs chapeaux
Il n’est pas rare qu’un planificateur financier soit également inscrit à l’AMF à titre de représentant en épargne collective ou en assurances de la personne, par exemple, ou encore comme courtier en valeurs mobilières (voir l’encadré). La plupart des planificateurs financiers portent plus d’un chapeau et nombre d’entre eux travaillent pour des institutions financières, où ils travaillent également sous d’autres titres.

Un bon planificateur financier devrait…
– être inscrit au registre de l’AMF.
– vous informer des autres titres professionnels qu’il utilise et des autres produits ou services financiers qu’il est autorisé à proposer, en vertu de ses autres titres.
– vous informer de ses honoraires, dès la première rencontre. Certains prennent un pourcentage, d’autres ont des honoraires fixes et d’autres encore combinent les deux.
– établir clairement le mandat que vous lui confiez.
– dresser un tableau clair de votre situation financière, être à l’écoute de vos besoins, de vos objectifs, de vos craintes, de vos attentes, et évaluer votre tolérance au risque relativement aux éventuelles fluctuations du marché.
– vous expliquer clairement les différents types de produits et véhicules financiers qu’il vous propose, ainsi que le niveau de risque qui y est associé.
– répondre à vos questions et s’assurer que vous avez bien compris les implications de vos choix.
– respecter votre tolérance au risque et vous faire des propositions qui en tiennent compte.
– produire un rapport de planification par écrit.

Un bon planificateur financier ne devrait jamais…
– vous proposer un seul type de produit financier ou de placement.
– exercer une pression pour vous convaincre d’opter pour un produit ou tout autre choix, ou vous presser de prendre une décision. Vous devez vous sentir à l’aise de prendre du temps pour réfléchir et analyser ses propositions à tête reposée.
– vous faire des promesses de rendements mirobolants, de gains très rapides ou très élevés.

Un plan écrit
Après vous avoir rencontré et avoir évalué votre situation et vos objectifs, le planificateur financier devrait établir par écrit un plan financier détaillé. En général, les planificateurs financiers s’entendent pour dire qu’un bon plan d’action devrait décrire votre situation financière et votre seuil de tolérance au risque. Le plan devrait proposer des actions et des recommandations dans les domaines suivants :
– gestion des finances personnelles;
– besoins en assurances;
– planification de la retraite;
– stratégies de placements;
– planification successorale.
Vous devriez lire le rapport seul, attentivement et à tête reposée, pour pouvoir ensuite poser vos des questions. Les actions recommandées influenceront votre situation financière actuelle et future, alors ne tournez pas les pages trop vite! Assurez-vous de bien comprendre les conséquences de ces choix et d’avoir une idée claire du plan, à court, moyen et long termes.


Votre argent, votre responsabilité

Même si votre planificateur financier est dûment inscrit au registre de l’AMF et vous inspire confiance, vous ne devriez pas lui signer de chèque en blanc. Vous devez exiger d’avoir des réponses et vous sentir parfaitement à l’aise avant de signer quoi que ce soit. Il a le devoir de vous informer, vous avez le devoir de lui fournir tous les renseignements dont il a besoin et de vous assurer de comprendre les options proposées. Si un malaise persiste ou si vous vous sentez sous pression, ne signez rien. Et si le comportement du planificateur vous semble douteux ou peu professionnel, n’hésitez pas à contacter l’AMF pour porter plainte ou vous informer de vos droits et de vos recours.

Courtier en valeurs mobilières
D’autres spécialistes des marchés financiers sont reconnus et encadrés par la Loi 188. De fait, selon le Règlement 31-103, le titre de courtier en valeurs mobilières est également un titre réservé et regroupe les anciennes sous-catégories (représentant en épargne collective, en plan de bourses d’études et en contrats d’investissement). Près de 33 000 courtiers en valeurs mobilières sont inscrits au registre de l’AMF. Ces experts s’occupent uniquement de placements (principalement dans les fonds ou à la Bourse), mais ne font pas de planification financière, à moins d’être également planificateurs. 

Cinq bonnes questions à poser
Voilà le thème de la nouvelle campagne de sensibilisation 2012 de l’AMF. Cinq questions à poser avant de confier vos économies à un expert.
1- La personne qui vous offre le placement est-elle enregistrée auprès de l’AMF?
2- Vous a-t-on remis de l’information écrite et détaillée sur le placement?
3- Vous a-t-on fait miroiter un rendement trop beau pour être vrai? Non, 20 à 25 % de rendement sans risque, ce n’est pas réaliste…
4- Vous a-t-on dit des choses susceptibles de vous mettre la puce à l’oreille? Attention, les arguments tels que « J’y ai moi-même investi tout mon argent et celui de mes parents » ou encore « J’ai une source fiable, l’entreprise sera bientôt cotée en Bourse » ressemblent à ceux d’une vente sous pression… ou frauduleuse.
5- A-t-on fait preuve de comportements qui vous paraissent suspects? Le planificateur ne vous pose aucune question sur vos dettes, votre situation financière ou votre tolérance au risque? Il vous contacte souvent, vous enjoignant d’investir? Changez de planificateur, et au besoin, contactez l’AMF.
Vous pourrez trouver plus d’information et d’exemples sur ces questions sur le microsite de l’AMF spécialement dédié à cette campagne : 5bonnesquestions.ca

Autres sites à consulter
Autorité des marchés financiers : lautorite.qc.ca
Institut québécois de planification financière : iqpf.org
Autorités canadiennes en valeurs mobilières : autorites-valeurs-mobilieres.ca/

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