Se pointer tous les matins au bureau avant neuf heures. Partir après tout le monde. Escamoter son heure de lunch pour grignoter un sandwich devant l’ordinateur. C’est beau... mais pas suffisant pour justifier une augmentation de salaire. Pour faire la grande demande au patron, il faut des arguments plus substantiels. Car des employés qui surestiment leur valeur, il en a vu plus d’un dans sa carrière. Ce n’est pas votre cas ? Soit. Ne reste qu’à préparer un dossier étoffé démontrant la valeur que vous ajoutez à l’entreprise.
Une chose essentielle, c’est d’avoir une idée des salaires offerts ailleurs pour un poste équivalent. Dressez ensuite avec soin votre liste d’arguments. Au cœur de votre stratégie : vos bons coups et leurs retombées pour l’entreprise. Montrez des résultats concrets, chiffrés si possible. Documents à l’appui. Exemples : avoir dépassé ses objectifs de vente de 10 % dès le second trimestre ; trouvé un nouveau fournisseur, ce qui a permis des économies de 100 000 $ ; ajouté à ses tâches la moitié de celles d’un collègue qui a démissionné et n’a pas été remplacé.
L’objectif consiste à démontrer que vous avez accompli davantage que ce qui était prévu à l’embauche. Sinon, pourquoi vous accorderait-on plus d’argent ? Voilà le genre de questions auxquelles vous pouvez vous attendre. Il est important de bien vous préparer en analysant les choses du point de vue de l’employeur.
Prête ? Maintenant, il faut attraper la personne à convaincre quand elle est au meilleur de sa forme. Avec certains patrons, prendre un rendez-vous est la seule façon d’avoir un tête-à-tête sans interruption. Avec d’autres, mieux vaut attendre son heure... Un client important vient de claquer la porte ? Un dossier urgent fait courir l’étage en entier ? C’est un matin de tempête de neige ? Même si vous avez passé des heures à vous motiver et que vous vous sentez d’attaque, le gros bon sens dicte de choisir une autre journée.
Votre évaluation de rendement est pour bientôt ? C’est l’occasion, surtout si vous attendez des éloges...
Pas fort…
• comparer ses tâches ou son salaire à ceux des collègues
• sortir des gros mots comme « injustice », « exploitation », « non-respect »
• rappeler toutes les situations difficiles vécues au travail au cours des derniers mois
• invoquer ses obligations personnelles (« Je viens de me séparer », « J’ai inscrit mes enfants dans une école privée », « Ma nouvelle maison me coûte un bras »)
• pleurnicher ou se poser en victime. Ça marche rarement. Au contraire, on risque ainsi de mettre son patron dans de mauvaises dispositions.
Autre point important : à quelle période l’entreprise établit-elle ses budgets pour l’année à venir ? C’est important pour vous d’agir avant ou pendant cette période car, plus tard, l’employeur n’a souvent pas beaucoup de marge de manœuvre et risque de répondre que ses dépenses sont coulées dans le béton jusqu’à l’an prochain. Dans plusieurs sociétés, les budgets font l’objet de discussions à l’automne. En janvier, une fois ceux-ci approuvés, on annonce aux employés les augmentations salariales annuelles. Depuis quelques années, elles sont d’environ 2 % ou 3 %. Si vous entreprenez une démarche pour un ajustement salarial (à la suite d’une promotion, par exemple), vous pourriez viser une augmentation substantielle, de l’ordre de 10 % à 15 % par exemple, établie selon les salaires offerts sur le marché pour des tâches et une expérience équivalentes aux vôtres.
Le jour J. Ça y est ! La porte est fermée et la discussion s’engage. Parler d’argent tout de go n’est pas l’approche la plus habile. Mieux vaut d’abord présenter son bilan, avec tous les documents pertinents en main. Exposez les choses résolument, calmement, sans aigreur ni colère. En conclusion, dites quel salaire vous espérez obtenir.
Vous vous demandez peut-être s’il est opportun de laisser entendre que vous avez une offre alléchante ailleurs ? C’est un petit jeu risqué si c’est faux. L’honnêteté donne d’habitude de meilleurs résultats.
Mais si c’est vrai, vous pouvez mettre cartes sur table : voici l’offre salariale reçue, voici ce que vous voulez obtenir. L’employeur peut accepter la demande. Remplacer un bon employé, surtout s’il part au profit d’un concurrent, n’est pas une partie de plaisir.
Mais peut-être dira-t-il non. Dans ce cas, si vous avez lancé la carte de l’ultimatum, vous n’aurez d’autre choix que de remettre votre démission...
Préparez-vous à un éventuel refus en ayant d’autres propositions dans votre manche, question d’obtenir quelques compensations : une semaine additionnelle de vacances, un nouveau titre d’emploi, l’inscription à un cours, la participation à un colloque. L’augmentation est remise à plus tard ? À quand ? Il faut obtenir une date précise et revenir à la charge en temps opportun.
Si les discussions sont insatisfaisantes et qu’il n’y a pas de lueur d’espoir, pas de menaces. Gardez le sourire et investissez vos énergies dans la recherche d’un autre boulot. Après tout, votre bilan personnel est déjà prêt !
Comment s’habiller pour négocier ?
Comme d’habitude : on ne passe pas devant le juge ! L’important, c’est de se sentir à l’aise. Et puis... pas de décolleté ni de talons vertigineux si on n’en porte jamais.
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE
Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.