Entrevues

Ce que Gregory Charles a appris

Énergie, folie, goût du risque.

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Toute son énergie, toute sa folie et tous ses sous (et plus encore). Il a tout misé sur Vintage, un spectacle unique dans le théâtre qu’il construit pour lui tout seul. Tout risquer, il adore ça.

La meilleure façon de relever un défi particulièrement difficile, c’est d’essayer de réussir quelque chose de plus difficile encore. Plus jeune, quand je devais apprendre un morceau très exigeant, je tentais d’en maîtriser un plus dur encore. René Angélil m’a un jour proposé de remplacer un musicien pendant la tournée de Céline… qui commençait le lendemain à New York. Ça me semblait impossible de pouvoir jouer tout ça si rapidement. Alors je me suis donné le défi supplémentaire de tout apprendre par cœur. Quelques heures plus tard, l’objectif de pouvoir tout jouer était devenu facile.

Ça prend six semaines de vacances. Deux semaines par année au Canada ? Ridicule. Il faut un mois juste pour survivre à l’hiver ! Dans mon entreprise, tout le monde a droit à six semaines. Quand on travaille, on travaille fort. Mais il faut aussi savoir s’arrêter.

À force de piétiner, on finit par creuser sa tombe. Les gens les plus intéressants sont ceux qui prennent des risques. Ceux qui courent, peu importe la direction. Si on ne court pas, on recule.

On devient un homme quand on devient père d’une fille. Déjà, avoir un enfant, ça change notre perspective pour la vie, mais avec une fille… le brin de misogynie qui peut exister quelque part dans un fond de tiroir se dissipe complètement. Et je ne comprends pas comment il peut revenir chez certains…

You are the boss of you. Dans ta vie, c’est toi qui diriges, c’est toi qui décides. Ce n’est pas l’adversité, ce ne sont pas les autres, ce n’est pas la peur. Alors, on fait quoi avec la peur ? On la dompte. De toute façon, c’est quand on se casse la figure qu’on apprend le plus. C’est le principe de Batman : pourquoi on tombe ? Pour pouvoir se relever…

Il est impossible de chanter et d’être triste en même temps. On peut jouer du piano et être triste. Ou dessiner, ou peindre. Mais chanter, non. Ça devient une comédie, un numéro de clown.

Les Québécois ne sont pas assez « sexuels ». On parle de sexualité, on met des images, on fait des téléréalités, mais c’est tout. On n’est pas aussi chauds qu’on pourrait l’être. Et pas aussi épicuriens. Je pense qu’on a toujours un fond religieux très fort, très pris en pain.

Les gens sont différents quand on ne les voit pas. Mon père me raconte les voyages qu’il a faits avec sa femme, l’amour de sa vie. Comment elle était, ce qu’elle faisait. Ma mère, je l’ai côtoyée pendant 45 ans. Mais je ne sais pas qui est cette femme avec qui il parcourait le monde. Je ne la connais pas, la madame.

Dans un adolescent, il faut voir l’enfant qu’il a été. Dans ma chorale, si je rencontre un jeune, pour une question de discipline par exemple, j’essaie d’avoir une photo de lui à huit ans. C’est un truc extraordinaire. Parce que quand tu es un dur de 13 ans, ou de 17, avec le toupet dans le visage, et qu’on te te met devant les yeux ta photo Sears prise à huit ans, en chemise à petits carreaux, ça enlève tous les filtres.

Après quatre siècles d’oppression, les Noirs ont donné au monde à peu près toute la musique. Les Sud-Américains, après quatre siècles d’oppression, lui ont donné presque toute la danse, et les Juifs, après 20 siècles d’oppression, lui ont donné à peu près tout son cinéma et toute sa musique classique. Ce n’est pas pour rien. C’est l’oppression qui s’exprime, c’est l’injustice qui trouve une expression artistique. C’est beau, c’est magnifique.

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