Entrevues

Ce que Michel Côté a appris

Il est, pour vrai, le gars d’à côté : un amoureux de la nature, un mari heureux, un papa poule fier de ses grands poussins et un cuisinier qui se débrouille pas pire…

Jocelyn Michel

Nos enfants ont plein d’amis. Mais seulement un papa. Fumer un pétard avec son jeune de 15 ans, je ne suis pas d’accord avec ça. Un parent est là pour aimer, conseiller, protéger. Hervé Bazin a dit : « Ni pote ni despote ». Parce que, sinon, si tu exagères, tu vas perdre tes enfants. Tu vas casser quelque chose qui sera impossible à recoller.

Si tu es malheureux parce que tu n’as pas de cinéma maison, tant pis pour toi. Une télé de 25 pouces, ça fait la job aussi… Désirer ce qu’on ne peut pas se payer, ça rend malheureux. J’ai eu de la chance : Broue m’a donné une sécurité financière. Mais je n’ai jamais rêvé de posséder 200 millions. Et j’ai toujours été heureux sans beaucoup dépenser. Je ne suis pas cheap. Je suis économe.

Personne n’est complètement noir ni complètement blanc. Moi, je le réalise à cause de mon métier. Le personnage de Marcel Talon (Le dernier tunnel) est un bandit notoire. En me glissant dans sa peau, je ne me sentais pas comme un trou de c…, mais comme quelqu’un qui essayait de s’en sortir dans la vie.  

Notre système d’éducation n’insiste pas assez sur la culture générale. À 14 ans, les élèves doivent commencer à choisir des options qui vont engager leur avenir. C’est une erreur. Il vaudrait mieux développer leur culture générale et leur demander de choisir quelques années plus tard. Tu sais bien plus où tu t’en vas à 18 ans qu’à 14…

En cuisine, pas besoin de suivre la recette. Ma femme peut faire six kilomètres en voiture pour aller chercher le demi-gramme de gingembre demandé dans une recette. Moi, je vais mettre autre chose. Et ça va être bon.

Il ne faut pas attendre que le téléphone sonne. Il faut pouvoir se relever les manches. Si demain je perdais tout, ma femme, mes enfants et certaines de mes capacités, je sais que, malgré mes 62 ans, je ferais quelque chose, j’irais laver la vaisselle dans un resto. Et peut-être que le proprio, à un moment donné, se dirait : « Ce gars-là, il a de l’entregent, il pourrait être serveur. » Et je monterais. Mais il faut partir de quelque part.

Le meilleur gag au monde fait rire 50 % des gens. Faire rire quelqu’un, c’est extraordinaire. Tu fais du bien et c’est valorisant. Mais c’est très dur. Parce qu’il n’y a pas deux personnes qui ont les mêmes références culturelles, politiques, sociales, et que le rire ne s’explique pas. Ça prend beaucoup de gags dans un film pour plaire à un peu tout le monde.

Mon couple a 40 ans et je vis les plus belles années amoureuses de ma vie. Il y a plein de raisons de se séparer, mais je suis tellement content qu’on soit restés ensemble. La recette : il faut se trouver, il faut s’aimer, il faut se parler. Et ne pas se laisser aller. Ma femme a la même taille qu’à 25 ans. Moi, je fais attention : dès que je gagne cinq livres, je me reprends. Il faut rester fier : déjà qu’on a moins de poils sur le coco…

Pour empêcher le feu de s’éteindre, il faut brasser le tisonnier de temps en temps. Il y a des périodes de passage à vide, des deux ou trois mois moins passionnés. Alors on reste respectueux, on laisse aller sans trop faire de gaffes. Et, quand ça revient, c’est extraordinaire.

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.