Entrevues

Christiane Charette, animatrice, Radio-Canada

La Christiane Charette que je connais se lève (très) tôt, s’habille (depuis toujours) en noir et affronte bille en tête les bouchons qui séparent sa maison de celle de Radio-Canada. Tous les matins de la
semaine, je la reçois en voisine – nos studios à la Première Chaîne sont mitoyens.

En principe, elle est là pour assurer ce que les experts en communication appellent « le fil d’antenne » – soit, sobrement dit, pour annoncer le menu de son émission, qui suit la mienne. En fait, elle a tant de choses à raconter ou à commenter qu’il est rare qu’elle parvienne au bout de sa liste – et il faut régulièrement faire sonner la cloche de la fin de la récré pour qu’elle conclue…

Car ce qui, dans l’univers judéo-chrétien de notre enfance, était considéré comme un grave défaut, peut-être même comme un péché mortel, est en fait la plus grande qualité de Christiane Charette : la curiosité. Extrême.

C’est parce qu’elle est curieuse qu’elle laisse la meilleure place à ses invités, c’est parce qu’aucun sujet jamais ne la rebute qu’elle sait passer du plus grave au plus léger avec autant de plaisir et sans que son intérêt se démente un seul instant. Et les naïfs qui lui reprochent de garder avec elle, parfois une heure durant, des invités dont le tour de piste devait être bref ne comprennent pas que c’est leur curiosité à eux qui a excité celle de Christiane Charette. Les naïfs ne savent évidemment pas reconnaître un bon show, ni les outils qui servent à le construire…

Ses visites matinales m’apprennent aussi des choses sur son organisation interne – elle consacre un temps fou à préparer ses rencontres, change souvent d’idée, parfois juste avant d’ouvrir son micro, il lui faut toujours être sur le point d’arriver en retard, et son entrée dans mon studio ressemble, matin après matin et quelle que soit la météo, à une minitornade. Je suis le premier à recevoir l’intensité, concentrée, qu’elle devra ensuite diluer pour lui faire franchir la barrière du micro.

Peut-être qu’elle ne le sait pas, mais l’énergie débordante qui l’habite me met, à moi comme à mes collaborateurs, du pep dans le soulier. Et je sais que, grâce à elle, je passe une meilleure journée une fois sorti du studio.

C’est la grâce que je souhaite à ceux et celles qui n’ont pas encore appris à l’écouter – les autres, les fidèles, ils savent…

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