Entrevues

Carrière : médecin légiste

Le quotidien d’Anny Sauvageau: autopsies et histoires de meurtre.

Photo: Colin Way

Photo: Colin Way

Son quotidien : autopsies et histoires d’homicides. Pourtant, Anny Sauvageau, médecin légiste en chef de l’Alberta, adore son boulot !

Anny Sauvageau
Profession Médecin légiste en chef de l’Alberta
Âge 40 ans
Ville natale Trois-Rivières
Études Université de Montréal

Qu’est-ce qui vous a attirée vers une profession aussi macabre ? Pendant mes études, ce que je préférais, c’étaient l’enseignement et la recherche, et je voulais exercer un métier qui conciliait les deux. La pathologie judiciaire, c’est comme enseigner tout le temps. Par exemple, quand je suis convoquée devant les tribunaux, je dois expliquer les conclusions d’une autopsie complexe aux membres du jury, des gens qui n’ont pas les mêmes connaissances du corps humain. Et si je ne réussis pas à leur faire comprendre de quoi il est question, ils n’accorderont pas beaucoup de poids à mon témoignage.

À quoi ressemblent vos journées ? Je pratique trois ou quatre autopsies par jour. Je ne sais jamais de quoi mes journées seront faites : une affaire en apparence simple peut cacher un homicide ou, à l’inverse, une mort suspecte peut finalement s’avérer naturelle.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail à la morgue ? Je ne m’ennuie jamais. Il m’est arrivé d’occuper des boulots où je regardais ma montre toutes les deux minutes. Aujourd’hui, je suis si absorbée par mon travail que j’en oublie parfois de manger ou que j’ai soudain mal à la tête parce que je n’ai pas bu d’eau depuis des heures. Je ne vois pas le temps filer.

Vous portez un regard très scientifique sur votre travail, mais vous arrive-t-il d’être ébranlée par certaines affaires ? Les êtres humains sont doués d’une grande faculté d’adaptation et j’ai dû moi-même m’ajuster. Pour garder la paix intérieure, je fais du yoga, je lis, je voyage (j’ai visité plus de 40 pays à ce jour), je suis des cours de langues (je me débrouille en espagnol, en italien, en mandarin et en japonais).

Le fait de côtoyer quotidiennement la mort vous fait-il voir la vie autrement ? En tant que médecin légiste, je vois le corps humain comme une machine. Si je n’en prends pas soin, plus rien d’autre ne fonctionnera. C’est pourquoi je m’efforce de bien manger et de faire de l’exercice tous les jours. Et je prévois du temps pour mon mari, qui est lieutenant-colonel [dans les Forces armées canadiennes] et présentement en Afghanistan. Nous nous parlons tous les jours. C’est important de ne pas se perdre de vue.

Quel effet ça fait d’être la première femme à occuper votre poste ? Je n’aime pas m’attarder à cet aspect. Je suis un peu attristée par l’importance qu’on lui donne ; ça ne devrait pas. On atteindra vraiment la parité le jour où on cessera de crier victoire chaque fois qu’une femme accomplit quelque chose pour la première fois.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ? Personne ne peut réaliser de grandes choses seul. Il faut avoir l’esprit d’équipe. À la télé, on voit souvent quelqu’un de très futé résoudre un mystère à lui tout seul. Mais on ne peut pas pratiquer la science médico-légale de cette façon. Chacun possède son champ d’expertise et, pour résoudre une affaire, il faut travailler tous ensemble.

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