Entrevues

Martine David, fondatrice de l’organisme Jeunes Pousses

En initiant les enfants du primaire au plaisir de cultiver leurs propres légumes, elle leur permet de découvrir et d’apprécier de nouvelles saveurs.

Un joyeux brouhaha règne dans la classe de troisième de l’école primaire Sacré-Cœur, à Coaticook. Ce matin de printemps, les élèves sèment des graines de tomates, de courges et de basilic dans des contenants de yogourt remplis de terre. En mai, ils transplanteront les pousses dans la cour de l’école. À la rentrée, légumes frais et fines herbes agrémenteront leurs collations.

L’initiative est signée Jeunes Pousses, un organisme mis sur pied il y a quatre ans par Martine David. Son but : donner à des enfants québécois de milieux défavorisés de meilleures habitudes alimentaires et aussi des connaissances de base en agriculture.

Le programme phare de l’organisme, Un trésor dans mon jardin, permet aux élèves d’une quarantaine d’écoles de Magog de créer un potager. Jeunes Pousses produit aussi un site Internet sur l’alimentation qui offre aux enseignants les outils péda­gogiques nécessaires pour lancer les activités.

Il y a quelques années, Martine David vivait à Montréal avec son amoureux et leurs deux enfants et travaillait en santé communautaire. Son conjoint rêvait de se lancer dans l’élevage bio­logique d’agneaux… En 2004, bye-bye la ville : la famille emménage dans une ferme à Ayer’s Cliff, dans les Cantons-de-l’Est.

Martine se met à cultiver un potager sur le terrain familial et constate que ses enfants (Laurann au CPE et Liam, un poupon) s’y intéressent vivement. Elle fait aussi à distance un certificat en alimentation à l’Université Laval. Au fil de ses recherches, elle tombe sur le programme californien Edible School Yard (cour d’école comestible), dont elle s’inspirera pour Jeunes Pousses.

Pendant un an et demi, elle montera son programme une fois les enfants au lit. Et, enfin, en novembre 2006, après avoir reçu un soutien financier important de la Fondation Lucie et André Chagnon, Jeunes Pousses se met au travail.

Vite implanté dans les écoles, Un trésor dans mon jardin donne lieu à une foule d’activités pédagogiques, surtout chez les plus vieux, qui étudient le compagnonnage entre les plantes et apprennent à calculer la quantité de terre requise pour chaque variété.

Peu à peu, les jeunes se familiarisent avec des saveurs plus difficiles à apprivoiser, comme celle de l’épinard. Au point où, à la demande des élèves, la cuisinière de l’école Saint-Luc de Barnston, à Coaticook, incorpore maintenant cette feuille amère à ses salades ! Le contenu des boîtes à lunch se transforme graduellement. «  On voit moins de petits gâteaux industriels et davantage de crudités, trempettes et yogourt », affirme Johanne Bérard, enseignante et directrice adjointe de l’école.

Martine David croit que la culture d’un jardin a un impact beaucoup plus profond qu’on ne le croit sur les enfants. «  Ils apprennent à prendre soin de quelque chose. Des études améri­caines ont montré que ce type d’expérience fait diminuer le taux de décrochage scolaire et la violence dans la cour d’école. »

L’organisme a aujourd’hui le vent dans les voiles. Avec calme et méthode, cette gestionnaire efficace est en train de conquérir le Québec. « On a maintenant assez de ressources pour déployer le programme à l’échelle de la province. La demande est tellement grande… On ne peut pas arrêter là ! »

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